Karen Young : Amour fusionnel
La chanteuse Karen Young célèbre la Saint-Valentin avec un concert regroupant des chants de l’époque de l’Ars Nova (14e siècle) animés de rythmes drum’n’bass… Ars fusion ou nova jazz ?
Karen Young est bien connue, et depuis longtemps, comme l’une des belles voix du jazz au Canada. Du be-bop qu’elle fréquentait dans les années 70 au jazz latin, en passant par les standards, elle a fait sa marque dans tous les recoins du genre. Elle ne se restreint cependant pas au jazz et a aussi chanté sur les musiques haïtienne, africaine et bulgare, et sur des airs médiévaux ou de la Renaissance avec, entre autres, le Studio de musique ancienne de Montréal (SMAM). C’est dans un répertoire de ce type qu’on la retrouvera le soir de la Saint-Valentin, à la Chapelle historique du Bon-Pasteur, pour un concert dont le thème est, évidemment, l’amour.
"L’idée de départ du projet, c’était de mêler batterie, contrebasse… et Guillaume de Machaut (1300-1377), explique la chanteuse. Ensuite s’est rajouté Francesco Landini (1325-1397), parce que j’aime l’Ars Nova des deux pays, France et Italie. Finalement, ça s’est transformé en drum, bass et Ars Nova!" On entendra en effet des œuvres de plusieurs compositeurs du 14e siècle, parmi lesquels Jacopo de Bologna, Magister Piero et Jacob de Senleches.
Karen Young présentait en 2000, sur disque, son oratorio Canticum Canticorum, dont elle avait composé la musique en s’inspirant des musiques anciennes, le texte étant dérivé du Cantique des cantiques. "J’avais déjà chanté de la musique médiévale dans les années 80, avec mon petit groupe, Llibre Vermell, du nom du fameux manuscrit de Montserrat du 14e siècle. Je chante encore souvent la pièce Maria Matrem, extraite de ce manuscrit. C’est une musique qui me touche très profondément."
Le percussionniste Pierre Tanguay et la mezzo-soprano Josée Lalonde, qui l’accompagnaient déjà à ce moment-là, sont de retour pour le présent projet (qui deviendra aussi un disque). "Quand on joue avec Pierre Tanguay, on doit le prendre là où il est, explique Karen Young. Quelquefois, il ne veut jouer que sur tout un assortiment d’instruments de percussion et, quelquefois, il ne veut pas jouer autre chose que de la batterie. Cette fois-ci, c’est la batterie, alors il s’est construit une batterie très spéciale qui donnera des couleurs très particulières à ces musiques. Il y aura bien sûr une teinte jazzée, parce que c’est une musique modale et que je préfère improviser sur ce type de musique plutôt que sur des suites harmoniques complexes. Les harmonies à trois voix permettent aussi de faire certains accords très associés au jazz." Le ténor François Ouimet et le contrebassiste Éric Auclair complètent le quintette. C’est d’ailleurs chez ce dernier que j’ai rencontré la chanteuse, alors que le duo s’apprêtait à répéter pour une soirée à laquelle il participera avec la danseuse Lin Snelling, le lendemain de la Saint-Valentin, dans le cadre du Festival Voix d’Amériques.
Le 14 février
À la Chapelle historique du Bon-Pasteur
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