Malajube : Hyperglyphonie
Malajube. Le nom est étrange, la musique tout aussi inqualifiable et les textes, des plus colorés. Quatre jeunes Montréalais risquent un premier album audacieux et décapant, une sapide friandise sonore baptisée Le Compte complet.
Dès les premières mesures "trasho-valsées" de La Maladie, on sait tenir entre les mains un disque particulier. On s’imagine aisément une bande de gitans punk fraîchement débarqués de l’Est profond, entassés dans un sous-sol du swinging London, livrant une version hallucinée de Being for the Benefit of Mr Kite! Et en français, s’il vous plaît. "J’ai peur du jujube sur mon cœur/Qui bat trop fort, tout noir…" Autant se faire verser un gallon de glucose directement dans les conduits auditifs.
Sur un fort bouquet de rock’n’roll garage, la musique du quatuor montréalais laisse échapper divers arômes allant du punk à l’électro, flirtant par moments avec le prog ou le métal, le tout s’amalgamant en une pop rafraîchissante et survoltée, truffée de guitares abrasives et de claviers polychromes. "Au début, c’était plus une blague, Malajube", confie Julien Mineau, chanteur, multi-instrumentiste et principal concepteur des pièces de la jeune formation. "On voulait se monter un petit projet moins sérieux, un peu plus joyeux. Ça fait deux ans que ça dure et on évolue chaque semaine. On travaille les tounes, et ça change tout le temps; on n’est pas ben stables", rigole-t-il, prodiguant quelques éclaircissements sur l’étrange appellation du groupe. "C’est un mot qu’on a inventé, puis on a découvert que des gens s’appelaient comme ça; un de mes amis, téléphoniste, est tombé sur une personne qui s’appelait Malajube. C’est un prénom arabe, mais je ne pourrais pas dire si c’est pour un homme ou pour une femme…"
Après la parution remarquée du EP Le Robot sexy (2003), Julien, son cousin Francis Mineau (batterie), Thomas Augustin (claviers) et Mathieu Cournoyer (basse) se sont retrouvés en studio avec le bassiste des Dears, Martin Pelland, derrière la console. Une des claviéristes du même groupe, Valérie Jodoin-Keaton, prête aussi ses touches à deux morceaux ayant survécu au sinueux trajet parcouru jusqu’au long-jeu, dont la séance de mixage aurait été "la plus interminable et la plus incongrue de tous les temps", peut-on lire dans le livret. "L’enregistrement s’est fait vraiment vite, car on n’avait pas beaucoup de temps, relate Julien. C’est pour ça que le mixage a été plus long; il a fallu travailler beaucoup sur les sources", explique-t-il, ajoutant avoir dû choisir les 10 pièces du bref album parmi une quarantaine de candidates. "On ne voulait pas un album long; moi, j’aime ça court. Je préfère que le monde l’écoute deux fois d’affilée, plutôt qu’une seule fois, pas au complet…" Avec ses 30 minutes bien sonnées, parions sur la deuxième éventualité pour Le Compte complet (Dare To Care), dont le titre est aussi explicité à l’intérieur du livret: "Ce terme si cher au merveilleux monde du base-ball (…) est l’illustration parfaite de la relation ambiguë que nous entretenons aujourd’hui avec le disque: un partage entre la confiance et l’insécurité, l’engouement et la déception; entre le coup sûr et le retrait au bâton…" La balle est à vous, lanceurs et lanceuses. Daignez rejoindre le monticule sans tarder.
Le 14 février
Avec The Hot Springs et Call Me Poupée
Au Café Campus
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