Gianmaria Testa : Brise méditerranéenne
Musique

Gianmaria Testa : Brise méditerranéenne

L’Italien Gianmaria Testa est de passage au Théâtre Granada. Coup de fil outre-Atlantique à un homme chaleureux, distingué et méticuleux… comme son œuvre.

Testa est de ces auteurs qui préfèrent suggérer une atmosphère, esquisser une histoire en laissant des espaces vides dans lesquels l’auditeur peut se glisser. Les contours de ses chansons sont flous, l’imagination comble les manques. Plutôt que d’écrire des poèmes ou des romans, Gianmaria Testa a choisi la chanson comme forme d’expression privilégiée: "Avec la musique, elle permet de dire des choses qu’on n’oserait pas révéler autrement." Chansons qu’il compose comme on écrit à un ami, à un amour: sur le ton de la confidence.

Pourtant remarquable auteur et chanteur, Gianmaria Testa n’envisageait pas, au départ, une carrière artistique: "J’ai commencé par des études de droit pour devenir magistrat. Parallèlement, je prenais des cours de musique, puis j’ai tout abandonné. Pour travailler et acquérir mon autonomie le plus rapidement possible, je suis devenu chef de gare." Un métier qu’il pratique toujours, malgré le succès notable et ses cinq albums au compteur depuis 1995, année où il a été découvert par une maison de disques… française.

Son premier opus, intitulé Montgolfières, le situait d’emblée parmi les plus grands. En l’écoutant, on pense à Georges Brassens et Leonard Cohen, fréquentés dans sa jeunesse en traduction italienne. Du vieux Georges, il reprend d’ailleurs occasionnellement sur scène Le Gorille dans une version mi-française, mi-italienne. On retrouve chez Testa le phrasé de Cohen, sa poésie mystérieuse, le climat mélancolique qui enveloppe l’auditeur. C’est sans doute Cohen et Brassens qui influencèrent le jeune Gianmaria quant au choix de l’instrument de musique qui l’accompagne encore: "À 14 ans, j’ai demandé à mon père de m’acheter une guitare, je n’ai pas osé lui demander un piano, c’était trop cher, trop gros!" badine-t-il au bout du fil.

Par pudeur et respect, sur disque comme sur scène, Gianmaria chante presque exclusivement en italien: "Je ne me permettrais pas de chanter dans une autre langue que l’italien, sauf peut-être pour Petite Reine (une reprise d’Arthur H endisquée sur Lampo). J’avais rencontré Arthur à Paris et je lui ai demandé la permission." "Permission" également demandée au chanteur Fausto Mesolella pour faire une reprise de Na Stalla, une chanson napolitaine que Gianmaria craignait, ne maîtrisant pas parfaitement la langue, de massacrer.

Cette peur du carnage ou de l’exhibitionnisme, Gianmaria Testa l’entretient également vis-à-vis de ses propres créations: "Je cherche toujours à créer un album cohérent. Certaines chansons sont donc écrites depuis longtemps lorsque je me décide à les enregistrer. C’est aussi une question de pudeur, parfois, car il faut avoir du courage pour se dévoiler ainsi, à travers certains textes…" C’est la raison pour laquelle on trouve sur son tout dernier album Altre Latitudini, paru à l’automne 2003, des chansons qui ont été composées 20 ans auparavant.

Le chef de gare préfère nettement les spectacles au travail en studio: "J’aime la complicité avec le public que permet la scène. Je me fie à l’énergie de la salle et choisis mes chansons en conséquence. Mes musiciens, eux, préféreraient une liste fixe!"

Le 19 février
Au Théâtre Granada

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