Marianne Trudel : Improvisation libre
Marianne Trudel propose une musique aux confins des harmonies classiques et de l’improvisation jazz, et nous invite à des espaces ouverts suggérés par le fleuve.
La jeune pianiste de 27 ans est originaire de Saint-Michel-de-Bellechasse. Son goût pour la musique l’a vite amenée au Conservatoire de musique de Québec, au Cégep de Sainte-Foy, puis à l’Université McGill. De ces années de formation, elle retient entre autres ceci: "À Sainte-Foy, j’ai eu des cours avec Michèle Royer. Ça m’habite encore. La passion. La musicalité. À McGill, on jouait dans des combos tous les jours. Je suis allée en jazz pour le côté improvisation. Je m’intéresse de plus en plus à la musique improvisée au sens le plus large."
Marianne Trudel adore la chanson, et c’est ce qui l’a amenée à accompagner Juan Carlos Caceres, Charles Aznavour (tournée 2002 au Québec) et Louise Forestier. En septembre, elle se produisait au Carrefour mondial de l’accordéon à Montmagny avec l’accordéoniste français Didier Ithursarry. Mais ce qui retient peut-être le plus l’attention, c’est son intérêt pour la composition et pour l’arrangement. Elle a écrit pour Bernard Primeau et pour l’ensemble Altys: "La couleur orchestrale (bois, hautbois, clarinettes) m’attire énormément."
Marianne Trudel lance en 2005 un premier album, Espaces libres, en piano solo: "Mes pièces, que je pense souvent pour des ensembles, je voulais relever le défi de les rendre seule. En revenant de Banff en juin dernier, j’étais chargée à bloc. L’année qui avait précédé, j’avais été de plus en plus interpellée par le processus créatif." Les pièces d’Espaces libres sont le fruit de toutes ses expériences: un certain classicisme (l’impressionnisme, le formalisme, le nouveau romantisme) et l’improvisation créatrice inspirée du jazz. L’ensemble peut faire penser au travail du pianiste norvégien Tord Gustavsen: "J’ai toujours vu la musique comme une espèce de structure organique qui change de forme et de couleur." Il s’agit d’une musique introspective, très lyrique, et fortement nourrie par le fleuve: "Le fleuve m’habite. En fixant l’horizon, c’est comme si tous les questionnements auxquels n’apparaissent pas de solutions trouvaient une réponse. Le fleuve apparaît donc comme un fil conducteur. Mais le silence aussi. On dirait que les pièces parviennent, d’une manière très laconique, à exprimer le silence."
Parlant du contexte entourant la création du disque, la jeune femme évoque un sentiment d’urgence à exprimer son indignation face à certains projets, comme celui du forage dans le fleuve. Sur la pochette du disque, quelques mots: "Le vent s’essouffle / La forêt meurt / Le fleuve rage / Et nous courons / Partout, partout / Des signes de piastres / Pour seuls tatouages". Plus les 16 pièces de l’album défilent, plus nous sentons une révolte, une douce rébellion, à l’image de cette artiste autonome qui s’occupe de tous les aspects de sa carrière, de la création (photo de la pochette) à la production (disque, concerts).
Le 18 février à 20 h
À la Chapelle historique Bon-Pasteur
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