Coral Egan : Douce-amère
Coral Egan prend tranquillement racine dans le paysage musical canadien et se questionne sur son avenir: elle a le goût du bonheur, du soleil et de l’aventure.
En visite officielle pour la première fois à Ottawa, Coral Egan y présentera son premier album solo lancé l’an dernier, My Favorite Distraction, qui a fait beaucoup de chemin depuis. Ayant pris de l’aisance avec un plus grand nombre de musiciens sur scène, Coral Egan présente maintenant des versions plus travaillées et tonifiées de ses pièces. "L’énergie en général n’est pas trop extrême, jamais trop rough ni trop dynamique, ça reste doux. En show, j’avais le goût d’avoir un petit peu le côté cru", explique Coral Egan de son joli accent à l’autre bout de la ligne, de son appartement montréalais. Très ambitieuse, Coral, fille de la célèbre Karen Young, se régale d’apprendre de son métier tous les jours et annonce déjà un second album plus lumineux et énergique: "Les chansons que j’écris sont en réaction avec ce que j’ai vécu dernièrement, et disons que je trouve ça difficile de me plaindre (rires). Le dernier album était pas mal idéaliste et teinté d’une certaine mélancolie… J’ai maintenant envie de transmettre la joie et je suis fière d’être rendue là dans mon évolution, de vouloir partager du positif", explique la sympathique chanteuse, qui faisait ses premiers pas à l’âge de 12 ans sur l’album Contredanse de sa mère.
"Pour moi, c’est beaucoup plus difficile de composer une chanson heureuse qu’une chanson triste. Sur le premier disque, ma façon de composer avantageait plutôt le côté amer-sucré, triste et beau en même temps. Ce serait facile de faire une carrière basée sur des plaintes, mais je veux maintenant faire des chansons joyeuses, voire spirituelles. C’est là que mes pensées me mènent: comme sur le précédent album, je me laisse guider par mes émotions, mais dans une perspective beaucoup plus libérée cette fois, convient-elle. Au fond, maintenant, je capte davantage mes influences de musique positive, parce que je suis heureuse. Quand j’ai commencé, j’étais inspirée par Joni Mitchell, Radiohead, des mélodies incroyablement belles et mélancoliques. En ce moment, je suis surtout branchée sur Stevie Wonder, ce qui explique tout!"
Récemment promue à l’ADISQ comme artiste québécoise s’étant le plus illustré dans une autre langue que le français, Coral Egan, qui a aussi participé à l’album hommage à Beau Dommage avec la pièce Un ange gardien, ne boude en rien sa langue seconde. Une pièce cachée sur l’album est d’ailleurs chantée dans la langue de Molière.
"Je suis capable de ne pas écouter de musique pendant des mois, mais quand je découvre quelque chose, je peux l’écouter un mois, sans arrêt. Je dois faire attention par contre, parce que je suis influençable. Je ne veux pas reproduire une chanson de quelqu’un d’autre sans le savoir!" explique celle qui est constamment en processus de création et qui proposera six nouvelles compositions dans son spectacle. "C’est comme les devoirs: j’ai toujours fait mes devoirs à la dernière minute. Mais des fois, faut se donner une chance et se préparer pour les prochains albums, c’est une bonne affaire!", clame-t-elle amusée.
COUP DE SOLEIL
Sur My Favorite Distraction, Coral Egan propose une musique métissée qui mélange jazz, r’n’b, pop, soul, reggae, mais ce que l’artiste vise par-dessus tout, c’est de se créer le son qui lui soit propre. "Je sais que c’est ambitieux, mais j’espère, d’ici les deux prochains albums, que les gens qui m’entendront penseront "Ça c’est sa musique, ça c’est du Coral Egan!""
Mais un tel appétit, n’est-ce pas parfois lourd sur les épaules d’une jeune chanteuse de 31 ans? "Je reviens de passer une semaine à Cancun, je n’étais jamais allée dans le Sud avant, et à un certain moment, je me suis demandé si je ne devrais pas juste laisser aller les choses et me trouver une job dans un hôtel pour chanter près de la mer… Ça m’a montré que j’ai certainement beaucoup d’attentes envers moi-même qui ne sont peut-être pas réalistes, mais espérons qu’elles seront réalisables! (rires) On verra…"
Sa conclusion, finalement? "Je vais essayer de faire les deux, se réjouit-elle. Je vais tenter de trouver l’occasion de faire de la musique à côté d’une plage, je veux me rapprocher du soleil et pour un an, vivre dans mes gougounes!" Réflexion qui évoque sans contredit son autre passion: le volley-ball de plage. Si la jazzgirl mène maintenant de front une carrière musicale, c’est d’abord à ce sport qu’elle se vouait autrefois corps et âme. Elle avoue d’ailleurs trouver une satisfaction semblable dans les deux domaines. "Généralement, quand je joue deux jours de suite au volley, j’ai tendance à vouloir jouer plus de musique", constate-t-elle. Nous ne pouvons que lui souhaiter encore beaucoup de ces matchs dans son fabuleux univers musical…
Le 2 mars à 20 h avec Joe Grass
À la Quatrième Salle du CNA
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