Lhasa : Citoyenne des Amériques
Musique

Lhasa : Citoyenne des Amériques

Lhasa vient de remporter un prestigieux prix en Angleterre. La grande voyageuse est de retour à Montréal le temps de quelques spectacles au Corona. Nous l’avons attrapée en plein vol.

Sacrée "meilleur artiste des Amériques" par la BBC lors du dernier gala Awards for World Music 2005, la délicate Lhasa s’en amuse un peu, mais confesse: "C’est important parce que c’est l’Angleterre, un pays que j’aime énormément, qui m’impressionne car beaucoup de musiciens que j’admire viennent de là. C’est un truc très romantique… Par exemple, il y a Radiohead, un groupe qui me fascine depuis longtemps, je suis jalouse d’eux!" Et voilà que l’on reprend confiance en ces cérémonies de remises de prix.

Chanteuse des Amériques, notez le pluriel. Lhasa représente bien l’ensemble du continent, avec ses chansons en anglais, en français et en espagnol. Lors de tournées américaines et européennes, son chant enfiévré envoûte les exilés de tous les pays. "C’est en concert que ça se passe, car c’est là que les gens voient les intentions derrière les chansons." Et les réactions varient d’un pays à l’autre: "En Espagne, le sens du spectacle change, car je sais ce que les gens sont en train de comprendre et ce qui est dans l’ombre pour eux."

Lhasa a toujours voyagé, d’abord en autobus avec sa mère mexicaine et son père états-unien. Son enfance s’est déroulée sans télévision, sur la route. À 13 ans, elle s’est retrouvée à San Francisco où elle a apprivoisé le chant. Son travail est empreint de ces nombreux et incessants voyages: "Des choses qu’on a croisées sur notre chemin nous influencent et finissent par faire partie de notre vocabulaire." Elle s’abreuve de l’ailleurs, de l’étranger, compte se nourrir de l’autre encore longtemps: "Je suis une personne qui a besoin d’énormément de mouvement, physique ou existentiel. Si je trouve une façon de bouger sans voyager, je pourrai m’installer, mais entre-temps, je continue."

Pour le moment, pas question par contre pour Lhasa de se prendre pour Manu Chao ou Bernard Lavilliers en enregistrant ses disques dans plusieurs pays, au rythme des nouvelles rencontres: "Manu Chao, c’est une musique plus extérieure, plus de groupe, un trip de fête. Ma musique est intérieure, individualiste. Pour faire un disque, j’ai davantage besoin d’être avec des gens en qui j’ai vraiment confiance… Il faut que ce soit simple. Je voyage tellement pour la tournée que j’ai besoin que l’album se fasse à une autre vitesse, j’ai besoin d’atterrir."

Lhasa préfère les choses qui durent et mûrissent lentement. Ses chansons, belles et introspectives, elle met plusieurs mois à les enregistrer, comme ce fut le cas pour son second album, The Living Road, qui remonte déjà à 2003. En attendant la suite, on peut l’entendre chanter sur le dernier disque de son ami Jérôme Minière (magnifique Un magasin qui n’existe pas), ou aller la voir sur scène, sa véritable patrie.

Les 25, 26 et 27 février
Au Corona

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