LES EXPLOITS DE DANIEL BOUM
Évidemment, il faut accepter de jouer le jeu pour entrer dans le monde de Daniel Boum, un univers un brin tordu et cynique à souhait créé par l’auteur-compositeur-interprète Alain Simard, qui y tient d’ailleurs le rôle titre, et produit par sa maison de production Onze Heures 11. Ont sauté à pieds joints, avec un plaisir palpable, dans l’aventure de cet opéra rock satirique et acidulé: Luce Dufault, dans le rôle d’une mystérieuse beauté aux courbes généreuses et au dessein flou (un rôle de composition, semble-t-il), Breen Leboeuf en pervers millionnaire, Michel Gatignol (qui a aussi participé à l’écriture) en imprésario corrompu, Sébastien Plante en Afro-Américain sexagénaire, déserteur et ermite (le tout en un seul et même rôle, svp), et d’autres encore incarnent des personnages tout aussi juteux. L’histoire est celle du petit Daniel, rempli de talents (il a le Mojo), qui quitte son Saguenay-Lac-Saint-Jean natal pour le monde du showbiz, dans lequel il n’y a pas que des cœurs purs. Les textes sont savoureux et habiles, la musique rentre au poste. Ça groove, ça fait brasser la tête et taper du pied, et on se fait prendre rapidement avec un grand sourire dans la face.
"Ça faisait longtemps que je voulais faire un album d’écriture de chansons, sans les interpréter moi-même, confie Alain Simard. Entendre mes chansons interprétées par de grands artistes, c’est vraiment tripant. Pour cela, Daniel Boum, c’est le meilleur des mondes!" L’artiste originaire de la région semble fort satisfait du résultat. "C’est vraiment ce que je voulais faire. En plus, avoir ma propre maison de disques m’a permis une liberté totale", poursuit-il, un tantinet fatigué au lendemain du lancement officiel, mais visiblement très heureux. Pas de répit pour lui, néanmoins: le spectacle se prépare et le tome deux est en chantier. On aura bientôt des nouvelles du petit Boum, qui se retrouvera, paraît-il, sous les néons de Las Vegas.
ooo
GRANDES DAMES
Comme concert de clôture de sa saison de musique de chambre, l’Orchestre symphonique a choisi de faire honneur aux femmes dans la soirée Les Femmes de ces hommes, présentée en collaboration avec Radio-Canada. Jusqu’à présent, l’histoire ne leur a pas accordé autant d’importance qu’aux hommes avec qui elles ont partagé leur vie et leur nom de famille. Pourtant, leur talent n’était pas moindre. Clara Schumann était une pianiste virtuose. Les rumeurs racontent même que son Robert de mari, voulant se renforcer un quelconque doigt afin d’avoir le doigté aussi rapide que sa femme, se serait handicapé la main à jamais. Vrai ou faux? Ce qui est certain, par contre, c’est qu’il composait pour elle de magnifiques pièces et qu’ensemble ils créaient des lieds à la tonne. Aimée et encouragée par son mari, Clara Schumann a pu développer à son aise ses talents de musicienne et de créatrice.
Le destin de Fanny Mendelssohn est tout autre. La sœur de Félix était elle aussi douée pour l’interprétation autant que pour la composition, mais elle a dû vivre dans l’ombre de son frère, celui-ci allant jusqu’à signer des pièces composées par sa sœur. Celui qui a fait revivre Jean-Sébastien Bach en dépoussiérant la Passion selon saint Matthieu, oubliée depuis des lustres au fond d’une bibliothèque, n’a pas su faire reconnaître l’extraordinaire don de sa propre sœur.
Le Quatuor Alcan et ses invités, les pianistes David Jalbert et Monique Robitaille, s’appliqueront à faire découvrir ce qui aurait peut-être dû l’être bien avant, dans un concert passionné comme sait l’être le XIXe siècle, à la gloire de ces femmes qui le valent bien. Le mardi 22 mars à la Salle Pierrette-Gaudreault.