"On a eu une sorte de crise divine", relate d’emblée Keith Kouna, chanteur et parolier du furieux quintette Les Goules, afin d’expliquer le titre de son nouvel album, Memories. Jusqu’alors sous le joug d’un sanguinaire maître spirituel pilotant chaque facette de son processus créatif, le groupe a finalement décidé de prendre les grands moyens pour s’en émanciper. "C’est une sorte d’épitaphe, dans le fond, à Sir Goulus qu’on a assassiné", poursuit-il, d’une froideur impassible. "On a choisi d’assumer notre condition terrestre… et ce n’est pas rose du tout!" laisse-t-il échapper, soudainement inquiet. "C’est dur d’avoir un corps et d’être mortel; c’est pour ça qu’il y a comme un parfum de mort sur le disque…" "La condition humaine est une dure condition", renchérit Rabin Kramaslabovitch, "violenteur" de claviers au sein de la jeune troupe, formée dans la Vieille Capitale au tournant du millénaire. "Et puis j’étais écœuré qu’il me fasse prendre des stupéfiants louches pour écrire des paroles!" ajoute Keith, visiblement troublé par l’affreux souvenir.
Peut-être à cause du meurtre crapuleux ayant précédé l’enregistrement, les 13 plages (et la copieuse section cachée) de Memories laissent une large place aux influences métalloïdes et plus agressives du groupe, qui pige toujours allègrement dans de multiples genres affectionnés. Les frères Gibb des Bee Gees sous l’emprise d’Iron Maiden? Zamfir en duo avec Steve Vai? Slayer interprétant La Chicane? Voilà seulement quelques exemples des sonorités éclatées auxquelles peut faire référence l’inextricable musique des Goules. "Le but, c’est d’en mettre le plus possible, de ces influences, explique Rabin, délaissant momentanément les délirantes fabulations "goulesques". D’aller, avec le peu de technique qu’on a, se faire le plus de fun possible, et jouer dans des zones qu’on n’a pas explorées. Il n’y a pas de restrictions…" "Tout se mélange sans qu’on s’en rende vraiment compte, ajoute Keith. Il faut faire confiance à l’improvisation et à la spontanéité. C’est de même depuis le début; on n’a jamais tendu vers un style particulier et je pense qu’il serait dangereux de trop intellectualiser la chose, de s’enfermer dans des concepts…"
C’est avec toute la flamboyante splendeur scénique qu’on leur connaît et une toute nouvelle garde-robe que Keith, Rabin, Klaudre Chudeba (basse), Igor Wellow (batterie) et Ken Pavel (guitare) viennent présenter leur nouveau matériel sur les planches de la province. "En show, on se retrouve à cinq ans d’âge mental, confie humblement Rabin. Il ne faut pas qu’il y ait de limites; s’il y a des limites, c’est là que ton show va être plate. Nous, dès qu’on met nos costumes, il y a une coche qui se pète. Juste avant le spectacle, on se regarde, puis tout de suite, on devient quelqu’un d’autre… Sur scène, il n’y a rien de vraiment prévu; on pogne la drive et on se crisse de ce qui peut bien se passer. On joue notre musique, premièrement, puis on essaie de donner un show au monde…"
Le 19 mars à 21 h
Au Kashmir
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