Vivica Genaux : Le génie Genaux
La mezzo-soprano Vivica Genaux nous fait la grâce de sa présence afin de souligner un projet discographique produit en collaboration avec les Violons du Roy. Discussion baroque…
Sortie de l’anonymat grâce au chef d’orchestre René Jacobs et à un album consacré aux arias du légendaire castrat Farinelli, Vivica Genaux est maintenant consacrée sur la scène classique internationale. Mezzo-soprano à la coloratura exceptionnelle, elle s’impose entre autres sur la scène baroque, où l’engouement pour les opéras ne fait que croître avec constance. C’est au tour de Bernard Labadie et des Violons du Roy de concrétiser un projet discographique avec celle-ci autour d’arias et de cantates de Johann Adolf Hasse et de Georg Friedrich Haendel. Pour Vivica Genaux, c’est l’occasion de confirmer une passion pour le répertoire ancien, qu’elle pratique encore avec un certain étonnement. "Nous ne sommes pas amenés à interpréter le baroque pendant notre formation au conservatoire, explique-t-elle. Il y a ceux qui étudient le répertoire classique et romantique d’un côté et ceux qui se perfectionnent dans la musique ancienne de l’autre. C’est dommage de voir, encore aujourd’hui, ces deux univers musicaux séparés de la sorte."
Avoir été en contact avec maints orchestres incontournables dans ce répertoire musical, l’Orchestre baroque de Fribourg par exemple, lui a donné une seconde école avec laquelle elle a su découvrir des affinités maintenant indéniables. Qu’en est-il de cette tendance de plus en plus marquée pour une interprétation sur instruments d’époque? "Je suis d’accord avec l’école de pensée baroque, affirme Vivica Genaux. La facture des instruments anciens confère une stylistique propre à cette expression musicale. Mes premières expériences avec l’orchestre Concerto Koln et la rencontre de René Jacobs ont été magiques à ce niveau! Avec ce type d’instruments, il est plus facile pour la voix de prendre le dessus sur l’effet d’ensemble de l’orchestre. Le passage à la tonalité moderne exige du chef en place une connaissance déjà acquise de ma voix et des ornementations qui se conjuguent naturellement avec elle."
L’interprétation baroque amène une facette particulière au métier de la mezzo-soprano, qui doit personnifier des personnages masculins aux tempéraments affirmés et très expressifs. Avec l’obligation de se travestir et de cultiver un comportement androgyne, nous sommes loin du stéréotype de la diva. "Je me rappelle la première fois, confie-t-elle, pour la production d’un opéra de Donizetti en Espagne, où j’étais très attentive au comportement masculin. J’observais les hommes, leurs mouvements, leurs postures, l’interaction avec leur femme et leurs enfants, ou bien même leur maîtresse, s’esclaffe-t-elle. Maintenant, j’ai pris un peu de recul face à ce genre de détails, je suis plus relax en face de cette exigence. Le but n’est pas de duper le public. Le caractère androgyne et la voix qui souligne la féminité ne font qu’accentuer la vertu et les qualités humaines des personnages." Après un concert-gala au profit des Violons du Roy, vous aurez l’occasion d’entendre Vivica Genaux à l’Église Saint-Dominique ce vendredi.
Le 18 mars à 20 h
À l’Église Saint-Dominique
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