Greg Keelor : La gloire de mon père
Greg Keelor est une figure de proue sur la scène country canadienne. Leader de Blue Rodeo, il travaille avec les Sadies, possède son propre studio d’enregistrement et lance cette semaine un deuxième album solo dédié à la mémoire de son défunt père.
"J’étais en tournée avec Blue Rodeo, je me trouvais à Philadelphie lorsque j’ai appris que mon père venait d’être hospitalisé à la suite d’une mauvaise chute. Une fois le spectacle terminé, il m’était impossible de prendre l’avion pour retourner à la maison. J’ai donc passé le reste de la soirée dans l’autobus de tournée, à jouer de la guitare tout en rêvant d’être à ses côtés."
En plein effort promotionnel entourant la parution de son deuxième album solo, le chanteur de Blue Rodeo Greg Keelor rumine sans cesse les événements tragiques qui menèrent au décès de son père adoptif Jim Keelor en novembre 2003. Un exercice émotivement éprouvant, mais pleinement assumé par Greg qui signe un nouvel opus, Seven Songs For Jim, hommage à l’octogénaire disparu. "Mon père était alcoolique et fumait un paquet de cigarettes par jour. Il a contracté une pneumonie après s’être fait opérer pour une fracture à la hanche. Il ne s’en est jamais remis."
Sombre, intime et plus mélancolique que n’importe quelle complainte de Blue Rodeo, l’album folk s’ouvre avec Silver Sun, qui réfère justement à cette triste soirée passée à Philadelphie, où Greg trouva refuge dans la volupté de sa Gibson J-45. "Dans les situations heureuses ou malheureuses, la guitare a toujours été pour moi une grande source de réconfort", confie celui qui composa son premier disque solo, Gone, alors qu’il recherchait activement sa mère biologique. Décidément, l’auteur-compositeur semble apprécier le soutien moral des six cordes. "J’aime ces soirées passées entre guitaristes où chacun tente d’ébranler les autres en jouant la pièce la plus triste qu’il connaît. Tout le monde a déjà eu un chagrin d’amour. Les émotions s’amplifient, et de simples banalités deviennent hautement significatives. Par contre, personne ne peut vivre ainsi sur une longue période de temps. C’est pourquoi j’adore les pièces mélancoliques. Elles te permettent de ressentir, l’instant de trois ou quatre minutes seulement, toute l’intensité d’une âme en peine."
Mais avec des sujets si personnels (Just This Love évoque le jour où Greg a vidé l’appartement de son père), est-ce aussi facile de s’en détacher une fois la pièce terminée? "En fait, six mois se sont écoulés entre l’hospitalisation de mon père et son décès. J’allais le visiter chaque jour. Nous avons toujours été démonstratifs dans nos rapports, mais une toute nouvelle intimité s’est établie à ce moment entre lui et moi. Bien sûr, j’étais dévasté lorsque j’écrivais les chansons, mais aujourd’hui, je les perçois davantage comme une célébration de notre relation père-fils."
Greg Keelor a enregistré l’album seul dans sa ferme ontarienne. Si l’intimité de Seven Songs For Jim ne nécessitait pas la présence des autres membres de Blue Rodeo, la formation canadienne lancera toutefois son prochain album, Are You Ready, le 5 avril. Un retour au country plus classique, selon Greg, visiblement conscient que son deuxième album solo représente une autre parenthèse dans sa prolifique carrière.
Le 19 mars
Au Cabaret
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