Monsieur Mono : Une goutte dans le ciel
Patrick Ouellet
Photo : Élodie Bernier
Pleurer la Mer Morte
, c’est la première mouture d’Éric Goulet en solitaire. Mais c’est aussi et surtout la trame sonore d’une virulente peine d’amour, une incursion au coeur de la solitude, assortie d’une sincère leçon sur l’art de mettre en musique la perte, le vide et la noirceur. Sans bien sûr omettre l’espoir, qui, malgré tout, ne rôde jamais trop loin. Sous le pseudonyme de Monsieur Mono, celui qui vient tout juste de terminer le travail sur le nouvel album de Yann Perreau (parution le 19 avril) présente une poignée de ses sublimes chansons cathartiques, sauvées in extremis d’un séjour prolongé au creux de son tiroir. "Au départ, c’était plus un exercice que je m’étais imposé", confie-t-il, peu avant son départ pour Paris, où il participe à la Francophonuit aux côtés d’artistes tels Karlof Galovsky et Mara Tremblay, qui prête par ailleurs voix et cordes à deux pièces de Pleurer la Mer Morte, dont la reprise francophone de Love Hurts (Boudleaux Bryant). "Mais par la suite, je n’étais pas mécontent du résultat et je l’ai fait écouter à des amis; en fait, ce sont eux qui m’ont encouragé à le sortir…"
Un coeur en apesanteur, un moment qui s’enfuit, et tout autour, la vie qui continue, même si comme une goutte dans le ciel, un amour ne peut que tomber. Certes, l’essentiel du propos et des mélodies demeure assez sombre, mais au-delà de son chagrin, sieur Mono parvient à insuffler à sa musique tout le réconfort qu’il a pu éprouver lors de sa conception, procurant à l’auditeur disposé une poignante pop folk et la sensation privilégiée d’être directement branché sur l’âme d’un auteur-compositeur-interprète authentique et diablement généreux. "Je voulais vraiment que ça soit fait à chaud, pendant que ça se passait", poursuit l’amateur de Nick Cave et de Leonard Cohen. "Je me suis trouvé dans un trou, l’hiver dernier, où j’avais pas grand-chose à faire et j’ai décidé, plutôt que de m’emmerder, de faire ça; un peu comme quand t’as fait de l’exercice, t’es "magané", et tu vas refaire un tour du bloc juste pour t’en rajouter par-dessus… L’idée, c’était de ne pas trop voir passer le temps, et ça m’a quand même fait passer une couple de jours…" Si certaines de ses chansons plus personnelles ont vécu à travers les Chiens, Goulet rêvait depuis belle lurette de consacrer un album entier à ce créneau. "J’aime ça, les disques tristes; c’est vraiment ma tasse de thé. Je m’étais dit qu’un jour, je devrais m’y essayer moi-même, et les circonstances ont été favorables…"
En attendant de retrouver ses nouveaux compères canins (le batteur Marc Chartrain, en remplacement d’Olivier Renaldin; puis, Jimmy Rouleau et André Papanicolaou, aux guitares) pour se mettre à la création du prochain disque des Chiens attendu pour septembre 2005, Monsieur Mono n’a pour l’instant que quatre concerts au programme: tous les dimanches d’avril (3, 10, 17, 24) à 18 h, au Café Espéranza. Mais la liste pourrait s’allonger si la demande se manifeste…
Monsieur Mono
Pleurer La Mer Morte
Chien/Local