Claire Gignac et Robert M. Lepage : De la fuite dans les idées
Claire Gignac et Robert M. Lepage collaborent à nouveau dans le cadre du secteur "actuel" de la compagnie musicale La Nef.
Fondée en 1991 par Sylvain Bergeron, Claire Gignac et Viviane LeBlanc, la compagnie musicale La Nef est bien connue pour ses productions originales inspirées des répertoires du Moyen Âge et de la Renaissance. Claire Gignac y développe depuis 2003 un secteur actuel au sein duquel des compositeurs d’aujourd’hui sont invités à "actualiser" le bagage culturel de La Nef. C’est ainsi qu’on a pu découvrir en mars 2003, durant la première édition du festival Montréal/Nouvelles Musiques, La Machine à explorer le tempo, de Robert M. Lepage (enregistrement disponible chez Ambiances Magnétiques) et, en avril 2004, Urnos, qui présentait la musique, réinventée par André Hamel, d’une civilisation disparue.
"C’est une évolution logique pour La Nef, explique Claire Gignac, que de développer un secteur actuel. À la compagnie, Sylvain travaille toujours beaucoup avec la musique celtique et Viviane avec les musiques anciennes, mais dans tous nos spectacles, il y a toujours du matériel original, parce que le matériel à partir duquel nous travaillons est souvent, de toute façon, fragmentaire." La chanteuse, flûtiste et saxophoniste pourra participer au spectacle entre deux tournées en Europe ou au Japon avec The Busker’s Opera de l’autre Robert Lepage, avec qui elle collabore aussi très fréquemment. Robert Marcel Lepage exploite quant à lui sa polyvalence du côté des musiques de films, de plus en plus (de La Plante humaine jusqu’à 20 h 17 rue Darling, en passant par Full Blast, entre autres), après avoir souvent collaboré avec son comparse "contre-actuel", le guitariste René Lussier. "J’étais très satisfait du premier projet que nous avons accompli ensemble, commente-t-il, et puis je suis allé assister à un autre concert de La Nef et je me suis dit: "Tiens, c’est vrai, ils chantent aussi!", alors j’ai eu l’idée de concevoir un spectacle incorporant la chanson."
Robert M. Lepage n’avait jamais écrit de "chansons" auparavant. "Au début, j’envisageais de prendre les textes ailleurs, et j’ai pensé à certains écrits d’Erik Satie, que je lisais à ce moment-là. Ses textes, finalement, me faisaient penser aux miens par leur côté humoristique. Je remplis moi aussi, comme lui, des carnets, avec des textes ou des dessins." (Pour ce dernier aspect de sa production, voir Le Robert illustré de la clarinette, chez Ambiances Magnétiques). Le titre du spectacle, Musique de robinet, serait d’ailleurs la toute première insulte (bien d’autres ont suivi, hélas!) que l’on aurait adressée à la musique de Satie… Cependant, Lepage s’est rendu compte que ses propres textes pouvaient très bien devenir des chansons et le voici devenu auteur pour ce "tour de champlure et fuite orchestrée pour voix enrouée et flûte en sol détrempée, clarinette éponge, guitare lavabo et motifs récurrents, tirés des carnets du compositeur de Notre-Dame-de-Blue-Grâce"!
On a assemblé pour ce concert un ensemble assez original: Claire Gignac y est chanteuse et flûtiste, Robert Marcel Lepage reprend la clarinette après une interruption due à des problèmes aux mains, et ils sont accompagnés de Betsy MacMillan (basse de viole), Yannick Cloutier (guitares et banjo), Jean-Félix Mailloux (contrebasse) et Nicolas Boucher (échantillonnage en direct et synthétiseur). "C’est un peu une musique de variétés, explique Lepage, avec une touche classique – dans les années 50, on aurait appelé ça "semi-populaire"… Je n’ai pas essayé consciemment de "faire des chansons", mais c’est arrivé; mes textes sont devenus des chansons dans le processus de création du spectacle. Au départ, j’envisageais beaucoup plus de musique instrumentale, mais maintenant que j’ai ouvert le robinet, ça sort de partout!"
Le 3 avril
À la salle Pollack de l’Université McGill
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