Regina Spektor : Poupée russe
Musique

Regina Spektor : Poupée russe

On dit de Regina Spektor qu’elle fait partie de la scène anti-folk de New York en raison de sa musique et de ses textes au style hétéroclite. Mais n’est-elle pas plutôt l’équivalent musical d’une peintre abstraite?

Chose certaine, cette association amuse beaucoup l’artiste de 24 ans, qu’on compare aussi à Joni Mitchell et à Tori Amos, pour cette manière si particulière d’interpréter ses textes imagés: "Je ne suis plus certaine de savoir pourquoi on m’associe à la scène anti-folk", s’exclame Regina Spektor en riant. "Les critiques aiment rapprocher les artistes d’autres qu’ils connaissent déjà. La scène anti-folk a vu le jour au Sidewalk Café du Lower East Side à New York. Tous les artistes qui jouent là-bas sont automatiquement associés à la scène anti-folk, une expression utilisée pour décrire une attitude, une façon de composer qui ne se préoccupe ni du style ni du format. Dans les faits, mes compositions n’ont rien à voir avec le style anti-folk (caractérisé, selon Regina, par des textes intelligents mais des musiques simplistes), car elles sont trop complexes, tandis que mes textes, eux, sont trop verbeux", explique l’auteure-compositeure qui vient de lancer Soviet Kitsch, son premier album avec une étiquette majeure (Sire Records), mais en réalité son troisième disque (11/11 et Songs sont respectivement parus en 2001 et en 2002).

Il n’a de toute manière jamais été question pour l’artiste de renier son éducation musicale, qui a débuté à Moscou par des cours de piano classique. Regina avait alors quatre ans. Elle en avait neuf lorsqu’elle s’est installée avec sa famille dans le Bronx. "Je suis chanceuse d’avoir eu une éducation classique, car cela m’a permis de me familiariser avec les structures asymétriques de la musique. J’adore aussi la pop, mais quand je me sens limitée par sa structure (refrain, couplet, pont), je n’hésite pas à piger dans mon sac de connaissances classiques", affirme la chanteuse à la voix enfantine. Et même si Regina admet que ses origines russes sont bel et bien présentes dans ses chansons, elle ne peut expliquer comment: "La culture russe est en moi, au même titre que l’est la culture américaine (plus particulièrement la diversité du Bronx). Si je vivais à Moscou aujourd’hui, je ferais certainement quelque chose d’artistique, mais je suis incapable de m’imaginer en train de chanter en russe. Ma musique est très liée à la langue anglaise et à la part américaine en moi", estime celle dont la carrière a pris un tournant déterminant lors de sa rencontre avec le réalisateur Gordon Raphael (The Strokes).

De fil en aiguille, la collaboration entre Regina et Gordon Raphael a engendré d’autres rencontres fertiles, cette fois-ci avec The Strokes et Kings of Leon, qui ont invité la jeune femme à les suivre en tournée, à travers les États-Unis dans le cas des Strokes et en Europe en ce qui concerne Kings of Leon. De cette aventure, que Regina qualifie d’extraordinaire occasion d’apprendre à faire vivre ses chansons devant un plus vaste public, sont nés le duo Modern Girls and Old Fashioned Men, qu’on entend sur le b-side dans la chanson Reptilia des Strokes, ainsi qu’une meilleure compréhension de l’industrie. "The Strokes m’ont appris qu’il est possible d’être populaire sans compromettre son intégrité musicale, de sorte que je peux maintenant me concentrer sur le plaisir de jouer et de rencontrer les gens."

Le 4 avril
Au Main Hall

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