Lorraine Desmarais : Brasse camarade
Lorraine Desmarais tente une nouvelle synthèse de tous les éléments qui ont jalonné son parcours (influences, compositions). C’est avec un enthousiasme contagieux qu’elle nous parle de son projet en big band.
À écouter Lorraine Desmarais décrire sa prochaine aventure musicale, on réalise plus que jamais que le jazz est une matière organique sans cesse en évolution. La musicienne rappelle son éveil à ce type de musique: elle a d’abord craqué, bien sûr, pour Oscar Peterson, puis pour Chick Corea. Aussi, la possibilité que lui a offerte le Festival international de jazz de Montréal de jouer avec son idole de jeunesse a représenté l’accomplissement d’un vieux fantasme: "Oui, c’était un peu comme un rêve. Ce fut un bel échange, un beau dialogue." À l’origine du projet actuel, différentes expériences avec orchestre: "Le big band new-yorkais Diva, le big band de Hugh Fraser, à titre d’invitée, le Montreal Jazz Big Band." Depuis cet automne, Desmarais n’a fait qu’écouter des big bands. Certains, comme ceux de Maria Schneider ou de Dave Holland, ont agi sur elle de façon très stimulante: "Ce projet est parti de l’écoute. J’ai puisé chez Joe Henderson, Bob Brookmeyer. Je suis allée entendre Joe Sullivan. L’ONJ m’a inspiré beaucoup de liberté."
Semblable projet multiplie les défis, les responsabilités: écriture, arrangement, direction et… interprétation: "Quand t’es invitée, t’as à apprendre les partitions (par exemple, les charts de Michel Camilo!). Je voulais un projet qui me ressemble. J’ai vraiment choisi parmi mes meilleures pièces, des pièces qui s’y prêtent. Le défi, c’est de les réadapter. C’est comme une mise en scène. Je me suis aussi inspirée des meilleures sources: Vic Vogel, Philippe Hudon, Richard Ferland. Tu imagines avec qui tu vas jouer, tu cherches à bien partager." Le répertoire sera donc tout à l’image de la musicienne, c’est-à-dire généreux, vivant, énergique: "Je tente une nouvelle synthèse. J’ai choisi des pièces qui présentent différentes composantes de rythme: de la samba, du funk, du latin. Ça brasse!" Les musiciens dont Lorraine Desmarais s’est entourée forment ni plus ni moins un all-star band: "J’ai pris des gens de ma génération. Des musiciens que j’ai côtoyés dans des clubs dates ou au sein de big bands." À la fidèle section rythmique composée de Frédéric Alarie à la contrebasse et de Camil Bélisle à la batterie s’ajoute une section de cuivres à faire rêver: Richard Beaudet, Rémi Bolduc, Jean Fréchette, André Leroux, Jean-Pierre Zanella (saxophones), Ron DiLauro, Richard Gagnon (trompettes), Dave Grott, Muhammad Abdul Al-Kabyir (trombones).
L’année 2005 débute sous le signe de l’effervescence pour Lorraine Desmarais. Plusieurs prix viennent souligner son apport inestimable à la scène musicale: lauréate d’un Prix à la création du Conseil des arts et des lettres, gagnante d’un Prix Opus pour le concert de jazz de l’année, finaliste au gala Femmes de mérite de la Fondation du Y des femmes qui aura lieu le 26 avril. Les projets pullulent ainsi que les rencontres internationales: Orchestra Sinfonica de Galicia en Espagne, Festival Charlie Parker sous la baguette de Phil Woods, nouveau tête-à-tête avec la pianiste Joanne Brackeen. Le public québécois n’a plus qu’à se réjouir de ton succès, Sweet Lorraine!
Le 14 avril
Au Club Soda
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