The Shins : Popite d’or
Les Shins s’amènent à Montréal, précédés d’une réputation plus qu’enviable. Considéré comme l’un des meilleurs compositeurs pop des années 2000, le cerveau du quintette, James Mercer, nous parle de ses racines et du prochain disque des Shins.
Même s’il peut assister, en moyenne, à quatre concerts par semaine, un chroniqueur musical se lasse rarement de voir des spectacles. Par contre, avec le temps, il perd cette excitation d’avant concert qui euphorise le mélomane habituel. Ces papillons dans l’estomac causés par la fébrilité, les scribouilleurs ne les vivent que quelques fois par année. Vous me voyez venir? Le passage des Shins au Spectrum relève de cette catégorie sélecte de concerts qui, dès leur annonce, créent une certaine exaltation chez le journaliste.
Normal, depuis la parution en 2003 de Chutes too Narrow, deuxième album du groupe d’Albuquerque au Nouveau-Mexique, The Shins s’est promené un peu partout sur le globe sans pour autant s’arrêter à Montréal. "Notre batteur Jesse (Sandoval) est devenu père peu de temps après la sortie du compact, explique James Mercer, guitariste, chanteur et principal compositeur de la formation. Nous avions donc une entente: nous passions deux semaines sur la route pour ensuite prendre sept jours de congé. Nos déplacements étant limités, nous ne nous sommes jamais rendus jusqu’à Montréal."
Sur la route, pour plus d’un mois cette fois, les Shins défendront les pièces de Oh, Inverted World (2001) et Chutes too Narrow. Deux disques folk-rock acclamés par les critiques, deux chefs-d’oeuvre pop du 21e siècle qui ont sorti Sub Pop de son image grunge dépassée. Dans un enrobage musical inspiré des années 60, le groupe, formé des cendres de Flake Music en 1997, propose des harmonies vocales contagieuses à la Beach Boys mélangées à un psychédélisme accessible, rappelant ces fameuses compilations Nuggets qui regroupaient une pléiade de formations obscures actives à l’époque des influents Beatles. Tout comme les albums de ces derniers, ceux des Shins s’écoutent en boucle et gratifient l’auditeur d’une dose de gaieté. "J’ai toujours adoré les radios oldies. Je me souviens aussi qu’en 1986, alors que j’avais 15 ans, un ami m’avait donné une copie d’une compilation des Beatles que sa mère lui avait faite. À l’époque, j’écoutais U2, The Cure et les groupes populaires des années 80. Cette cassette a changé la donne. D’un autre côté, mon père chantait et écoutait énormément de musique country."
Ces racines ont fait de James un génie mélodique des temps modernes au moment de l’écriture, en solo, des pièces et des arrangements de Oh, Inverted World, un album plus expérimental que le suivant qui jouit d’une réalisation beaucoup plus propre. "Nous avions beaucoup plus de temps pour enregistrer notre deuxième album, remarque James. Avec le réalisateur Phil Ek (Built to Spill, Modest Mouse), nous nous sommes acharnés sur le son des guitares, mais notre prochain disque alliera l’approche expérimentale forte en réverbération du premier album au professionnalisme du second."
En concert, mardi, les Shins joueront deux nouvelles pièces de cet opus à paraître au début de 2006. "Les gens réfèrent énormément à la beauté mélodique des Shins, mais sur les planches nous aimons rappeler aux spectateurs que nous sommes aussi un groupe rock."
Un incontournable groupe rock à prescrire à tout amateur de pop raffinée, peu importe son âge.
Le mardi 19 avril
Au Spectrum
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