DJ Champion : Combinaison championne
Retour à la mi-février, au Théâtre Impérial, pour la Bourse Rideau. Il ne reste qu’une prestation au programme triple de la soirée, la nuit avance et la fatigue se manifeste. Esquive de départ, mais DJ Champion et ses G-Strings prennent d’assaut les planches. Écoutons toujours un morceau… À gauche de la scène, Maxime Morin, alias Champion, autrefois Mad Max. Penché sur les curseurs de sa volumineuse console, il commence à se dandiner en cadence avec les rythmes électro qui emplissent la salle. Doucement, il lève le bras, amorce un décompte gestuel, et c’est la mise à feu. À sa droite s’activent aussitôt la bassiste Blanche Baillargeon et pas moins de quatre féroces guitaristes: Jean-Luc Huet, Sébastien Blais-Montpetit, Stéphane "Fets" Leclerc et Barry Russel (Ily Morgane). L’incroyable raz-de-marée sonore déferle sur l’auditoire et fait son œuvre; les pieds tapent le sol et les derrières s’agitent. Puis s’élève le timbre céleste de la petite dame debout à l’avant de la scène, également en proie aux tempos émoustillants. Oui, c’est bien Betty Bonifassi (Les Triplettes de Belleville). Restons un peu…
Évidemment, le public ne demeurera pas assis bien longtemps, fut-il composé essentiellement de journalistes et de gens de l’industrie. Au moment de la pièce The Wizard (Black Sabbath), on en vient à craindre la chute du plafond tant le parterre bondé frise l’ébullition. "Il faut que ça bouge. C’est essentiel!" lance Champion, dont le surprenant Chill’em All (Saboteur/Local) cartonne depuis sa parution en novembre dernier. "Je ne joue pas pour du monde assis; je déteste ça. Il faut toujours se rappeler d’où ça vient tout ça: c’est une perversion de l’électronique. J’ai incorporé le rock dans l’électro, et le noyau de cette idée-là, c’est un plancher de danse. Il ne faut jamais l’oublier. Je veux que ça danse. C’est ça, ma drive; c’est pour ça que je fais ça. Je ne suis pas là pour impressionner le monde avec des super bons guitaristes qui font des solos de l’enfer. C’est pas ça, l’idée…"
Quoi qu’il en soit, si les fervents de gambille seront heureux de découvrir l’immense scène de la Salle Louis-Fréchette transformée en plancher de danse pour le spectacle du 22 avril, l’auteur de ces lignes peut témoigner de tout l’intérêt de la prestation pour ceux qui ont les déhanchements timides ou qui privilégient plutôt une écoute attentive. Observer Champion régir son étonnante console humaine a de quoi divertir le plus lointain cousin de Travolta. "C’est écoeurant! s’esclaffe Champion quant à son rôle de chef d’orchestre. Ça prend une énergie monstre, mais c’est super le fun. Je travaille ça comme un show de laptop; c’est comme si j’avais mon slider puis mon mute button pour chaque musicien. C’est vraiment la même approche, poursuit-il. La grande majorité des structures sont improvisées, mais pas les riffs. Ils savent quels riffs ils vont avoir à jouer dans chaque toune, mais ils ne savent pas quelle variation, ni quand ou comment…"
Le 22 avril à 21 h
Au Grand Théâtre
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