Quartango : Signature audacieuse
Quartango, après deux concerts aux côtés de l’Orchestre symphonique de Québec, s’amène au Manoir Bécancourt dans sa formule traditionnelle.
Une formule traditionnelle, oui, mais seulement en ce qui concerne le nombre de musiciens sur scène. Car Quartango est tout sauf classique. Le quatuor aventureux, qui se produit fréquemment à l’étranger, se distingue par son répertoire éclectique et par l’originalité de ses arrangements musicaux. Tantôt sensuel, tantôt humoristique, il passe facilement du tango à des pièces classiques ou jazz. Lors de son passage à Bécancour, il proposera plusieurs fragments de Performance, album sorti en 2003.
"Le show de Quartango est très dynamique, soutient le contrebassiste et membre fondateur René Gosselin. C’est sûr que, quand on est avec un grand orchestre, ce sont les couleurs de celui-ci qui font la différence. Mais quand on se retrouve avec le quartette seulement, c’est une performance très légère. Ça donne un autre caractère, complètement. C’est très explosif! On n’est pas obligés de se contrôler pour donner à l’orchestre une chance de nous suivre! Il y a un côté magique dans cet ensemble-là. Écoute, ça fait 26 ans maintenant que je fais du tango et c’est de loin le meilleur ensemble avec lequel j’ai joué."
Cette virtuosité s’exprime par une signature très particulière. "Les groupes traditionnels de tango ont une manière de jouer. Ils vont faire le thème; des fois, ils vont avoir un contre-chant… Tandis qu’avec Quartango, les arrangements sont faits de manière à avoir quatre solistes sur scène. […] Dans les arrangements de Richard [Hunt], il y a un côté très ludique. C’est effervescent, c’est plein de surprises. Tsé, quand tu écoutes une pièce comme La Comparcita, un classique qui est considéré comme l’hymne national du tango, et que le solo de piano est une partie du concerto de Chopin, là, tu vois la dimension de Quartango."
MOMENTS DE GRÂCE
Quartango se démarque aussi par son essence. De fait, René Gosselin, Richard Hunt (piano), Denis Plante (bandonéon) et Noémi Racine-Gaudreault (violon) peuvent se targuer d’œuvrer dans un quartette aux origines 100 % québécoises. "Il n’y a pas de Sud-Américains, ce qui est assez étrange pour un band de tango argentin. Je ne sais pas si on peut le dire comme ça, mais c’est un band qui transpire la musique d’Argentine", souligne Gosselin. Celui-ci a d’ailleurs eu la chance de rencontrer le maître du tango nuevo, Astor Piazzola. "Des fois, il y a des expériences marquantes. Je commençais avec le groupe et on était avec Piazzola. Mon ami le violoniste Adolfo Bornstein me dit: "Écoute René, on va aller avec Astor dans l’auto." On avait la cassette de notre nouveau CD pour l’écouter. On était dans le char, comme des kids qui écoutent un bon nouveau disque, en ayant les commentaires du maître du tango sur notre musique et nos arrangements de sa musique."
S’il roule toujours avec le spectacle Performance, Quartango fait en sorte de ne jamais plafonner. Le groupe voyage, travaille en parallèle sur différents projets, dont l’audacieux Bach to Tango, qu’il présentera cet été au Festival Orford en Estrie. "Je pense que la beauté d’un ensemble comme Quartango, c’est d’être capable d’avoir une esthétique qui est différente et qui ne se veut pas limitative. On fonce, on se lance dans des projets qui sont fous et on les mène à bon port", conclut le contrebassiste.
Le 23 avril à 20 h 30
Au Manoir Bécancourt
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