Dizzee Rascal : Rappeur chic
Dizzee Rascal, ambassadeur du Grime, un mouvement qui incorpore des beats hip-hop, dancehall, drum & bass et des breakbeats, s’en vient nous réchauffer les oreilles. Rencontre avec le rappeur britannique.
Si le mouvement UK Garage nous a semblé assez lointain et relégué aux clubs londoniens qui l’ont popularisé depuis quelques années, le Grime, son cousin germain qui incorpore des beats hip-hop, dancehall, drum & bass et des breakbeats à sa palette, semble, lui, vouloir s’exporter plus facilement. La venue imminente de M.I.A. en allume plusieurs, mais à tout seigneur, tout honneur: Dylan Mills, alias Dizzee Rascal, son premier ambassadeur officiel, est présentement au beau milieu d’une grande tournée nord-américaine d’une vingtaine de villes qui le mènera tout droit à Montréal.
Après le succès inespéré de Mike Skinner (The Streets) dans un genre plus mâtiné de pop, de Lady Sovereign et particulièrement de son troisième album Boy in Da Corner, qui a vraiment défini le son "cru" du Grime, le genre semble maintenant piquer la curiosité de ce côté-ci de l’Atlantique.
Au téléphone d’Atlanta en Georgie, le jeune rappeur britannique ne retient pas son enthousiasme: "Je suis venu aux États-Unis l’an dernier à quelques reprises, mais là, c’est la totale… Vancouver, la côte ouest et le Mid-Ouest, Dallas, la Nouvelle-Orléans, ça a été superbe… Vancouver a vraiment été le spectacle le plus mémorable jusqu’à maintenant. J’en ai même profité pour travailler avec certains artistes américains en chemin, comme Bun B et UGK [Underground Kings, du Texas]."
Connaissant le purisme et le chauvinisme inhérents au genre hip-hop sur les deux côtes américaines, on pourrait supposer que les heads du Sud soient plus ouverts au flow de Dizzee, brut, rapide et saccadé, puisqu’il s’est lui-même inspiré aussi bien du son du Dirty South que du heavy métal pour définir son style. "Ici ou ailleurs, j’ai la chance d’attirer un public très large, issu des milieux urbains aussi bien que des milieux indépendants et alternatifs; pour moi, ça signifie encore plus de réunir tous ces fans de musique dans un même endroit que d’être fidèle à un genre bien précis", explique-t-il en esquivant plus ou moins la question…
À 20 ans, avec plus d’un demi-million d’albums vendus et récipiendaire du prestigieux Prix Mercury Music qu’il a arraché à The Darkness, Coldplay et Radiohead en 2003 avec la parution de Boy in Da Corner, il semble vouloir contredire son sobriquet en réactivant sa propre étiquette de disques, Dirtee Stank Productions. "J’avais entamé le projet il y a longtemps, mais maintenant, je peux me permettre de présenter de nouveaux artistes, comme Klass A, un trio de rappeurs de Leicester en qui je crois beaucoup. Je me sens près des MCs, bien que je ne veuille pas me limiter à un genre bien précis; je veux faire paraître de la bonne musique, un point c’est tout."
En autant que l’accent cockney n’effraie pas trop l’intelligentsia nord-américaine – et cela pourrait être un handicap majeur, puisque ses textes se veulent aussi réalistes que ceux de certains MCs conscientisés -, parions que le Grime pourrait éventuellement concurrencer le crunk des Lil’ John et autres David Banner…
Le 27 avril
Au Club Soda
Voir calendrier Hip-hop / Funk