Hot Hot Heat : Mouvement ascendant
Musique

Hot Hot Heat : Mouvement ascendant

Avec Elevator, Hot Hot Heat gagne en altitude. Qui pourra freiner la montée du quatuor britanno-colombien?

Alors, qui est le plus grand des deux? "C’est moi!" répond Paul Hawley en riant. Une semaine avant notre entretien, l’imposant batteur se mesurait au non moins imposant animateur télé Conan O’Brien, sur le plateau de qui Hot Hot Heat devait présenter son nouveau simple, Goodnight Goodnight. "La première fois qu’on s’était rencontrés, on s’était amusés à se mettre dos à dos. On a remis ça cette fois-ci. Je le dépasse encore, ce qui a fait dire à Conan: "tu gagnes à chaque fois, hein?""

Dominant son entourage d’une bonne tête, Paul Hawley est abonné aux sommets depuis l’adolescence. Sa charpente surdimensionnée lui confère un avantage sur ses camarades: la sensation de vertige associée aux critiques positives ainsi qu’à une poussée ascensionnelle rapide, il connaît déjà. Tant mieux pour lui car, si ça se trouve, Hot Hot Heat s’apprête à prendre de l’altitude. Beaucoup d’altitude.

C’est que les attentes sont élevées. Make Up the Breakdown, précédent album du groupe originaire de Victoria, avait déjà placé la barre à une hauteur appréciable. Qu’on se le dise: Elevator, superbe disque de pop ensoleillée et frétillante, trône une ou deux coches au-dessus.

L’ordre des pièces privilégié sur le nouveau disque est conséquent. Ça débute très fort, puis ça monte, et ça monte encore, jusqu’à atteindre une sorte de faîte avec le dernier morceau – intitulé Elevator, justement. Le K2 de H3… "C’est voulu, répond Paul Hawley. On s’y est pris à quatre reprises avant d’obtenir la séquence désirée. Encore aujourd’hui, j’ai l’impression qu’on pourrait l’améliorer, mais bon…"

Travaillant à partir d’un corpus de 25 chansons, le groupe a choisi d’en conserver 12. Du lot, pas un titre qui ne dépare, pas un morceau de trop. Le contrôle de qualité a été serré. Le processus d’épuration "s’est fait selon ce que j’appellerais un processus de sélection naturelle, dit Paul Hawley. Tout simplement, les pièces qui devaient se trouver sur l’album s’y sont retrouvées. Au bout du compte, je ne sais pas si les autres [membres du groupe] ont eu l’album qu’ils voulaient, mais moi j’en suis heureux."

Vu leur calibre relevé, la majorité de ces morceaux se sont naturellement trouvé une place dans le répertoire scénique du groupe. "On joue presque tout, confirme Hawley, sauf Elevator et Shame on You, qu’on compte bien réinsérer au programme en temps et lieu. Pour le moment, il faut quand même jouer des chansons plus anciennes."

MAJOR ET VACCINÉ

Endisquant désormais sur étiquette Sire, Hot Hot Heat a dû raffiner son produit. À certaines oreilles, Elevator pourra sembler lisse, surléché. C’est effectivement un disque de major, qui marque une rupture avec le son indie des débuts. Le groupe en est conscient. Du coup, le choix d’un premier extrait s’est avéré plutôt problématique. "En fait, You Owe Me An IOU devait être le premier single, fait remarquer Paul Hawley. On s’est soudainement rendu compte que notre premier 45 tours en deux ans serait une sorte de ballade portée par le piano de Steve [Bays]. On a jugé qu’il serait préférable de lancer un extrait plus rock, plus rapide, correspondant davantage au son Hot Hot Heat."

Ce son distinctif, union d’influences variées, doit son énergie au punk, ses mélodies, à la pop et son attitude, au rock. Là où ses contemporains trahissent leurs influences en copiant un son ou un style particuliers, Hot Hot Heat parvient à sublimer ses influences et à en rendre compte subtilement. "Je crois que le mélange de nos quatre personnalités, qui sont très fortes, ne peut que produire quelque chose de singulier, avance Paul Hawley. On n’est pas du genre à faire dans la copie. Si on le faisait, ça se sentirait."

Le batteur avoue tout de même qu’il lui arrive de "trouver l’inspiration en entendant d’autres groupes. Je n’irai pas jusqu’à dire que notre approche est originale à 100 %. D’abord, notre parc à instruments se compose d’une batterie, de guitares et d’un clavier. On ne fait pas plus standard." C’est clair. Mais cela n’empêche pas le groupe de chercher à offrir quelque chose de frais et d’accrocheur.

D’où sa volonté d’en finir avec les années 80, fonds de commerce de trop de groupes ordinaires. "On s’est efforcés, pour Elevator, de se tenir loin des sonorités associées à cette époque, avoue Paul Hawley. On a évité les synthés et les percussions électroniques. On a eu notre période 80, mais là on savait que c’était fini." De toute évidence, Hot Hot Heat a pris l’ascenseur menant au stade supérieur.

Le 22 avril
Avec The Futureheads
Au Métropolis

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