Of Montréal : C'est toi ma ville
Musique

Of Montréal : C’est toi ma ville

Of Montréal, prolifique formation indie-pop originaire d’Athens en Géorgie malgré son nom, lance The Sunlandic Twins et fait un bond par chez nous. Brin de causette avec le coloré maire d’Of Montréal, Kevin Barnes.

La rumeur veut qu’un jour, une jolie Montréalaise aux yeux de velours malmena le cœur de Kevin Barnes, qui, massacré de l’intérieur, sous le choc, se tourna vers la musique pour trouver en elle une amante omnipotente, encore plus exaltante et exigeante que toutes les muses de chair et d’os passées en caméo dans sa vie, d’où le nom de sa formation indie-pop: Of Montréal.

Mais le principal intéressé, qui aime raconter des histoires un peu psychédéliques (voir les nouvelles qu’il publie sur le site Web du groupe) et que l’on soupçonne d’être un brin espiègle, dément ces ragots: "J’avais 13 ans, j’étais gymnaste, j’habitais le Michigan. Nous étions en tournée de compétition et j’ai eu cette expérience folle à Montréal: je me suis blessé gravement à la jambe et il a fallu que j’arrête la gymnastique. C’est à ce moment-là que je me suis tourné vers la musique… Encore aujourd’hui, Montréal a une grande signification pour moi, c’est une si belle ville, qui est à l’origine d’un tournant important dans ma vie."

Ce printemps, Of Montréal lance un neuvième album en même pas 10 ans d’existence, The Sunlandic Twins. Beaucoup plus lo-fi à ses débuts, le collectif, toujours aussi marqué par une obsession pour les Lennon, McCartney, The Kinks et autres Brian Wilson de ce monde, s’est resserré autour de Kevin Barnes, qui écrit les textes, compose les musiques, signe les arrangements, réalise et mixe les albums.

Le son d’Of Montréal a beaucoup évolué au fil des ans, aujourd’hui relevé de quelques surprenantes injections disco (irrésistibles Wraith Pinned to the Mist and Other Games et The Party’s Crashing Us). "On a toujours privilégié l’aspect mélodique, on aime que nos chansons soient efficaces et immédiates, mais le côté plus dance et disco, c’est une nouvelle direction pour nous", révèle celui qui, dans une autre vie, a déjà pianoté pour le petit prince indie-folk Bright Eyes (The Difference in the Shades sur l’album Letting Off the Happiness).

Comme quoi on peut être très prolifique et éviter la redite: "On a commencé avec un son plus naïf, un projet lo-fi né dans une chambre à coucher. Avec les années, ça s’est complexifié, musicalement parlant. C’est devenu une musique plus tendue, on a fait quelques albums-concepts (Coquelicot Asleep in the Poppies, The Gay Parade) centrés sur un son psychédélique très art-rock issu des sixties. Ensuite, avec Aldhils Arboretum, nous sommes allés vers quelque chose de pop-rock et direct. Le disque paru l’an passé apparaissait plus funky, parce qu’on s’est intéressé aux musiques africaines des années 70." Jusqu’à l’actuelle fusion indie-disco, comme si, au plafond d’un petit local de pratique délabré, une boule-miroir avait été suspendue, délicieuse d’anachronisme.

Mais à travers toutes ces mutations des genres, fusions des styles, explorations des époques, ce qui demeure, chez Of Montréal, réside dans la voix de Barnes, ou plutôt dans son ton, enjoué, où virevolte toujours un peu de légèreté, du soleil, même dans les moments plus "dramatiques" et déployés, comme sur October Is Eternal, déroutante: "Ça traduit aussi mon point de vue sur les choses. C’est important de ne pas se laisser démolir par les événements, de garder la tête hors de l’eau, pour citer un cliché. On contrôle notre propre réalité; s’avouer vaincu, c’est ouvrir la porte à la déprime. Je préfère tenir ça loin de moi, ce serait une perte de temps, une perte de vie."

À la Sala Rossa
Avec Poorfolk et Hidden in Buildings
Le 24 avril

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