My Chemical Romance : Réactions en chaîne
Le quintette My Chemical Romance n’a pas mis de temps à sortir de son New Jersey natal. Armé de furieuses mélodies, d’une fascination pour la mort et d’une généreuse dose d’authenticité, le groupe cumule les disciples.
Le 11 septembre 2001, c’est depuis Newark, de l’autre côté du fleuve Hudson, que Gerard Way a vu les deux tours d’acier s’effondrer. Ce tragique événement allait changer bien des choses, à commencer par la vie du futur chanteur de My Chemical Romance. "J’étais un peu perdu à cette époque. Quand c’est arrivé, j’ai compris que je n’aidais personne avec ce que je faisais", confie l’ex-artisan de dessins animés, dont le travail a bien failli se retrouver au Cartoon Network. "Je voulais rejoindre les gens de manière beaucoup plus personnelle, et je n’arrivais pas à communiquer ce que je voulais dire…"
Avec Mickey Way (le frère de Gerard) à la basse, les guitaristes Frank Iero et Ray Toro puis le batteur Matt Pelissier (remplacé depuis par Bob Bryar), My Chemical Romance faisait rapidement paraître son premier album, I Brought You My Bullets, You Brought Me Your Love (2002, Eyeball), gagnant un vaste et aussitôt fidèle public. L’été dernier, le quintette lançait un premier long-jeu chez les majeures, Three Cheers for Sweet Revenge (Reprise), renfermant une punk-rock hurlante toujours aussi sombre et vibrante, réalisée par Howard Benson (Sepultura, Motörhead). "Quand on a fait le premier album, on était un groupe depuis seulement trois mois, alors nous ne nous étions pas encore totalement découverts sur les plans personnel, musical ou scénique. Mais après environ un an et demi de tournée, nous avions appris beaucoup et nous savions ce que nous voulions pour Revenge. C’est un peu notre premier vrai album", poursuit Gerard depuis la Virginie, où se poursuit la tournée avec Green Day. "C’est phénoménal! Ce sont les meilleurs gars du monde, et d’authentiques fans de notre musique, alors c’est très spécial…"
Bien spéciale aussi est la relation qu’entretient My Chemical Romance avec son public. Si ce dernier est fanatique et dévoué, le groupe le lui rend bien, mais sans excès de complaisance. "On reste vrais et honnêtes avec nos fans. Nous avons eu à gagner leur confiance; ils doivent gagner la nôtre en retour. C’est vraiment un échange et c’est pour ça que c’est spécial. On ne "bullshittera" personne pour vendre des disques", dit celui qui s’interroge régulièrement sur la limite d’intimité exploitable dans ses chansons. "C’est un constant exercice d’équilibre. Il m’arrive de me demander si je n’exploite pas trop ma souffrance pour vendre des disques. Je vis constamment ce conflit, je me demande souvent si c’est trop personnel, trop sacré pour en parler. Mais c’est une telle thérapie pour moi que je m’imagine mal aborder autre chose que des sujets bien personnels…" Parmi les thèmes de prédilection du chanteur, la mort occupe le haut du podium; c’est le cas avec la pièce Helena, écrite en l’honneur de sa défunte grand-mère. "Je suis obsédé et terrifié par la mort depuis toujours. J’ai compris très jeune que j’allais perdre tous les gens que j’aimais et qu’ils allaient aller soit au ciel, soit en enfer… Et que ça allait probablement être l’enfer! Tout ça vient de mon éducation catholique. Mais évidemment, je suis un ex-catholique; j’ai plusieurs problèmes avec l’organisation catholique maintenant…"
Le 2 mai à 19 h, en première partie de Green Day
Au Colisée
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