Véronic DiCaire : Hymne au printemps
Musique

Véronic DiCaire : Hymne au printemps

Véronic DiCaire propose, avec son second album Sans détour, un road trip sur des avenues country-rock avec des textes empreints de sa verve débordante. Et le printemps lui va si  bien…

Véronic DiCaire

est la bonne humeur incarnée; impossible d’imaginer qu’il y ait pu y avoir un jour ou l’autre un nuage au-dessus de sa tête pour assombrir ses pensées. Dans son premier album paru il y a trois ans, elle chantait sa joie de vivre dans Feel Happy et, depuis, cet enthousiasme contagieux est devenu sa carte de visite. Et c’est avec ce sentiment qu’elle m’accueille dans un chic bistrot du Vieux-Hull, ses grands yeux azur illuminés, de belles boucles blondes virevoltant comme pour rythmer son entrain. Elle présente ainsi son nouveau petit bijou, Sans détour, enregistré l’hiver dernier dans un studio de Saint-Sauveur avec une myriade de musiciens chevronnés – Antoine Gratton, Simon Godin, entre autres – et Éloi Painchaud à la tête du groupe. "Tous les matins, on prenait un café devant le feu et Éloi nous arrivait avec plein d’idées dénichées un peu partout, des trucs qu’on ne connaissait même pas, et il nous décrivait le son qu’il voulait obtenir. On s’appelait "les boys"… Je faisais partie des boys et j’aimais ça!" ricane l’ex-animatrice de l’émission Le Garage de Radio-Canada. À la pop "rock’n’country" de son premier album, elle ajoute un son encore plus country sur ce second et une imposante variété d’instruments traditionnels. "Je pense que c’est important d’exprimer son identité, de se différencier dans un marché tellement immense où il y a autant de produits qui arrivent à la pelletée. Un moment donné, faut qu’il y ait une certaine évolution aussi; je ne me voyais pas revenir où j’étais au premier album. Puis, ces sonorités me collent à la peau", remarque-t-elle.

MADEMOISELLE BONHEUR

À l’image du nom de son nouvel opus, Véronic DiCaire a eu une trajectoire ascendante depuis qu’elle est sortie de son Embrun natal. Sa participation aux comédies musicales Grease et, plus récemment, Chicago, dans laquelle elle jouait le rôle de Roxy, lui a permis de développer un sens de l’interprétation qui s’entend sur son nouvel opus. Sa visite dans la Ville lumière, lors d’une tournée avec Chicago, lui a aussi été bénéfique: "Ça m’a permis d’ouvrir mes horizons autant culturels qu’artistiques. Aussi, le fait de me retrouver seule à Paris dans mon petit 45 mètres carrés, ça m’a permis de prendre du recul par rapport à tout ce qui m’est arrivé. Je me promenais dans les rues avec mon iPod et j’écoutais plein d’affaires; je me suis laissée imprégner de Paris, c’est tellement inspirant, il y a des musées des beaux-arts partout; il y a de l’histoire…"

Photo: Geneviève Dorion-Coupal

Une nouvelle maturité se constate aussi dans sa voix avec laquelle elle a osé un peu plus, révélant une certaine vulnérabilité. "Elle est peut-être plus dénudée en fait, corrige-t-elle. Je me suis vraiment amusée à interpréter des chansons, au niveau vocal aussi, au niveau de mon instrument; j’ai cherché mes sons comme un guitariste le fait avec sa guitare. Je ne voulais pas avoir la voix pop et toujours parfaite. Parfois, il y a un grain de sable qui passe, puis ça ne me dérange pas!"

Au nombre des auteurs-compositeurs qui lui ont prêté leurs mots figurent notamment Éloi Painchaud (Repos, Ne plus t’entendre), Jonathan Painchaud (Je descends au village, Reviens quand tu te seras trouvé), François Vigneault (magnifique Neige nue) et Andrée Watters, qui lui a fait cadeau de la chanson-titre (Sans détour) et qui a aussi accepté d’adapter en français une pièce d’Eric Dick (Tu peux t’en aller). La chanteuse franco-ontarienne interprète aussi une chanson de ce même auteur en anglais (That’s OK).

Véronic DiCaire s’est également permis deux reprises, des chansons coups de cœur qu’elle faisait déjà en spectacle, soit L’Amour à la machine d’Alain Souchon (son premier single) et Le P’tit Bonheur de Félix Leclerc. "C’est un vrai trip d’interprétation, cette chanson-là; j’embarquais dans l’histoire, tellement qu’Éloi a dû me retenir parfois parce que c’était un peu caricatural. Il disait: "Okay, on comprend, là, qu’elle souffre!" (rires) À mon avis, c’est toujours mieux d’aller plus loin pour revenir, ça te permet de pousser tes limites."

Si Véronic s’est beaucoup plu à jouer différents personnages dans les historiettes de ses chansons, elle ne voulait certainement pas jouer les femmes éplorées: "Je n’avais pas de demande précise pour les thèmes. La commande en général, c’était un sentiment de pouvoir, un sentiment de force. Je ne voulais pas chanter une chanson d’amour et être une victime. Je voulais vraiment avoir la prise de force. Si la fille se fait abuser dans une relation, elle décide que c’est le gars qui sort, elle prend son courage à deux mains et elle le fout dehors. J’ai voulu interpréter d’autres émotions et, fondamentalement, je suis une fille très happy."

Elle n’a toutefois pas encore ressenti l’appel de l’écriture, mais elle s’est quand même prêtée au jeu de la composition avec Jonathan Painchaud pour Je tombe. "Pour l’instant, les mots ne me viennent pas facilement, ce n’est pas quelque chose que je recherche. Je le fais chez moi dans un livre, je fais des images, j’écris des petits bouts d’idées. Un moment donné, je vais bien finir par pondre une chanson ou collaborer plus concrètement avec quelqu’un qui va m’aider du début à la fin. Je laisse la porte ouverte." En attendant, elle se voue aussi à d’autres passions, notamment à la photographie: on peut retrouver une dizaine de ses photos d’instruments dans la pochette de l’album.

En attendant de partir en tournée, Véronic DiCaire prendra part, le 30 juin au Centre Corel, au méga-show Le trente, ça me tente! pour célébrer le 30e anniversaire du Festival franco-ontarien avec une brochette d’artistes de la francophonie québécoise et ontarienne.

Véronic DiCaire
Sans détour
(Warner Music)