Caribou : Naissance du Caribou
Musique

Caribou : Naissance du Caribou

Manitoba n’est plus, vive Caribou! Traqué en plein milieu d’une tournée qui le mène jusqu’à sa patrie d’origine, le wizz kid torontois, qui lance un troisième album éclectique, a fait un brin de clavardage avec nous.

On connaissait le Torontois Dan Snaith, wizz kid de l’IDM (intelligent dance music), petit prodige apparu en 2001 sur la scène indie-électronique avec un premier effort remarqué, chouchou des critiques deux ans plus tard avec Up in Flames, sous le nom d’une province tranquille et un peu low profile, Manitoba.

Aussi, personne n’aurait pu prévoir qu’un jour, un vieux punk new-yorkais, Handsome Dick Manitoba, des bien nommés Dictators, le poursuivrait pour infraction envers une marque de commerce… "malgré le fait que le seul disque qu’il ait jamais lancé sous ce nom soit Manitoba’s Wild Kingdom! observe le principal intéressé. Il m’a convoqué en cour. Je n’avais pas les moyens de m’embarquer dans cette galère, et assez vite, je me suis aperçu que ça ne m’intéressait absolument pas de passer des heures et des heures à débattre du sujet avec des avocats".

Dan Snaith vit maintenant à Londres, mais c’est en plein cœur d’une tournée canadienne que l’idée lui est venue de se rebaptiser Caribou, comme pour renforcer le lien d’appartenance à sa patrie d’origine. "On avait fait de l’acide, on était au beau milieu d’un champ, et on a eu une vision; c’est ainsi que le nom nous est venu. Répandre l’information s’est avéré bien moins pénible que je ne l’aurais cru… Ne jamais sous-estimer à quel point les gens qui s’intéressent à la musique indépendante sont informés."

2005 s’annonce une année charnière pour l’ex-Manitoba Dan Snaith réincarné en Caribou qui, en plus de lancer The Milk of Human Kindness, dépose sa thèse de doctorat en mathématiques. "Il ne me reste plus que l’examen final. J’aime les mathématiques et je suis vraiment content de ne pas avoir abandonné tout ça en cours de route. Pour l’instant, je fais de la musique à temps plein, mais je n’ai pas de mal à m’imaginer travaillant dans une université quand je serai rendu ailleurs dans la vie… un jour peut-être, on verra."

Dan Snaith, 26 ans, a coiffé son disque d’un titre intrigant et évocateur à la fois, "le lait de la gentillesse humaine", si on traduit au premier degré, qui est une expression anglaise signifiant grosso modo que la vie se montre généreuse envers vous de façon inespérée. "J’aimais le fait que, vu sous un angle, ce titre puisse apparaître très optimiste, comme un retour assumé et positif pour moi. Vu sous un autre angle par contre, il a aussi une portée amère, voire sarcastique. Je crois que la vérité se trouve quelque part entre ces deux pôles. Bien sûr, c’est une phrase tirée de Macbeth, une pièce de Shakespeare, mais je l’ai déjà aperçue inscrite sur un camion de livraison de lait!"

Quarante minutes bien tassées, onze titres dont cinq sur lesquels on l’entend chanter avec ce timbre clair, calme, cuivré des airs parfois presque méditatifs (sur Hello Hammerheads, entre autres), un disque qui réaffirme son intérêt marqué pour les beats ciselés, précis, les mélodies médusantes un brin psychédéliques introduites via son deuxième opus (voir l’hypnotisante Yéti, premier single, ou encore Bees et ses boucles virevoltantes), des influences éclectiques qui débordent du spectre électro, découlant du spiritual jazz (Albert Ayler, Pharoah Sanders, Alice Coltrane), du hip-hop (visible sur Lord Leopard et Pellican Narrows), du rock, du soul et même de la pop.

"J’ai une approche absolument intuitive de la musique. Il n’y a pas de concept derrière mes albums; ils sont le reflet de mes intérêts en musique, de ce que j’écoutais au moment de l’enregistrement. Mon nouvel album a vu le jour sous l’influence kraut rock de bands tels que Can, Neu! et, tout particulièrement, Philippe Besombes, un compositeur français prog/kraut."

Et dire que cette obsession décolla le jour où Snaith, tenté par le diable, piqua un échantillonneur cheapo à l’école secondaire… "Je n’avais aucune idée de la raison pour laquelle il se trouvait là… Apparemment, il n’a jamais manqué à personne! J’ai passé une grande partie de mon enfance au piano, la musique m’a toujours attiré, du plus loin que je me souvienne, et je crois que je deviendrais fou si on m’empêchait de passer 12 heures par jour à en faire."

Le 29 avril
Avec Junior Boys et The Russian Futurists
Au El Salon

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