David Usher : Irénisme contemporain
Musique

David Usher : Irénisme contemporain

David Usher poursuit son chemin, toujours appuyé par une horde fidèle de dévots "moistiens". Entretien avec un chanteur culte qui s’interroge sur l’absence d’empathie entre les gens de croyances et d’idéologies différentes.

"J’essaie de faire des albums qui sont probablement plus introspectifs que tape-à-l’œil, s’exclame en riant un David Usher décontracté. Et je ne serai jamais un nouvel artiste dans ce pays, de toute façon. Ce qui m’intéresse, c’est de faire des albums qui me plaisent." Certes, son quatrième album If God Had Curves, premier sous l’étiquette MapleMusic, constitue un retour aux sources après une virée méandreuse. Au menu, thématiques politiques, humanistes et religieuses sur des musiques calmes et matures légèrement décorées de fioritures électro appliquées et sans artifices. Avec un disque beaucoup plus près de son premier album solo que des deux précédents, David Usher revient à une approche plus acoustique; et pour cause, il a décidé d’épurer sa voix, plus douce et précise que jamais, porteuse de textes qui dévoilent les tréfonds de l’artiste.

Cet aspect songeur et réflexif, David le doit à une multitude de changements qui l’ont affecté, tant au niveau professionnel que personnel. "Ma fille a définitivement influencé le fait que ma relation avec le monde qui m’entoure a changé. Tu te questionnes sur tout quand tu as un enfant. Tu te questionnes sur ce que tu fais avec ta vie. Tu te questionnes sur tes idées à propos de tes croyances ou de l’absence de croyances. Et les questions ne font que mener à d’autres questions, vraiment."

Sa perception du monde s’est également modifiée lorsqu’il a compris que la direction que prend l’humanité n’était pas celle qu’il croyait et cette prise de conscience s’est accentuée lorsqu’il a niché chez nos voisins du sud. "Je croyais qu’on se dirigeait vers une démocratie libérale, mais apparemment, nous n’allons pas dans cette direction-là du tout! Aux États-Unis, c’est frappant." C’est en quelque sorte cette compréhension de la rigidité du monde patriarcal qui lui a inspiré ce nouvel album, rigidité auquel le titre If God Had Curves fait habilement référence. "Il y a un aspect de dualité à tout ça. S’il y avait un Dieu et si Dieu était une femme, nous ne serions peut-être pas dans ce merdier. Nous ne serions peut-être pas aussi rigides en tant qu’espèce."

"Ce que je constate, c’est qu’il y a très peu de communication entre des gens qui croient en des choses différentes. Moi-même, j’ai réalisé en produisant cet album que je n’ai pas d’amis religieux, que je n’ai pas d’amis conservateurs. Tout le monde que je connais est libéral démocrate et complètement laïque. Et ce n’est pas une bonne chose. Pour avancer, il faut que nous nous ouvrions tous un peu plus l’esprit."

Mais malgré cette désolation devant l’inflexibilité de l’humain, David Usher se considère plus heureux que jamais, satisfait du chemin qu’il poursuit en tant qu’artiste, particulièrement en spectacle. "Je suis plus heureux que je ne l’ai été depuis des lunes. J’adore être sur la route. Quand je n’y suis pas, je m’en ennuie. Quand je ne joue pas sur scène, j’ai tendance à oublier la raison pour laquelle je fais tout ça".

Le 28 avril
Au Club Soda

Voir calendrier Rock/Pop

David Usher
If God Had Curves
(MapleMusic Recordings)