Misstress Barbara : La bougeotte
Misstress Barbara, dans le cadre de la première édition du Rendez-vous international des créatrices en musique, présente le Maestra Jam en compagnie de DJ Mini. Attrapez-la au vol.
Jet-setteuse-née, Misstress Barbara, Montréalaise d’origine sicilienne connue mondialement pour ses mix énergiques et ses sets de hard techno injectés de grooves latins, avait envie de changer de peau, de prendre ses distances avec le style "drummy funky pumpin": "À un moment donné, on a envie de changer de son parce qu’on est rendu ailleurs. C’est comme quand t’es en amour avec quelqu’un; mettons que ça dure cinq ans, vient le jour où tu ne ressens plus rien, tu te sens coupable, tu te dis "pourquoi je ne l’aime plus, ça allait si bien", mais tu ne peux rien faire, tu ne peux pas te forcer à retomber en amour parce que c’était si bon, faut que tu prennes tes cliques pis tes claques pis que tu dises: "Regarde, t’es vraiment une bonne personne mais je ne t’aime plus alors ça ne sert à rien de continuer comme ça." Bien c’est la même chose en musique, c’est une question d’amour; j’ai eu une passe difficile mais ça va mieux depuis que j’ai décidé de faire à ma tête."
On n’en attendait pas moins de celle qui, depuis son premier set en 1996, ne tient plus en place, d’où ce nom, Miss Stress avec quatre "s", une nature fébrile et survoltée qui s’épanouit au beau milieu de l’énergie d’une foule: "Quand la crowd danse, crie, sourit, saute partout, c’est génial, c’est ce qu’il y a de mieux, ça me fait capoter."
Misstress a connu l’âge d’or des raves, joué du piton en pleine ère de l’extase, mais depuis, les choses ont changé, les ventes de lightsticks dans les surplus d’armée et de baume de tigre dans les dépanneurs asiatiques ont chuté, alors où vont les D.J. associés à cette époque somme toute pas si lointaine?
"Je suis professionnelle, je m’adapte aux situations. Avant, j’étais straight sur un son, on ne me bookait plus dans certains événements parce qu’on trouvait que je jouais trop hard. Quand je joue aux Piknik Electronik par exemple, il fait soleil, c’est dimanche après-midi, les gens n’ont pas envie d’entendre "gush, gush, gush", raconte la fondatrice du label techno Iturnem. Misstress a pris le bord et c’est là que Barbara Brown a vu le jour."
Une nouvelle identité donc, qui lui a ouvert les portes de la house et d’un son plus électro-minimaliste et mélodieux, moins saturé de gros drum, plus lent. "D’ailleurs, c’est un son que Montréal aime bien, et même si c’est Misstress et non Barbara Brown qui est annoncée pour le Maestra Jam au Rendez-vous des créatrices, c’est probablement ce que je vais jouer."
S’il est un genre musical qui évolue à la vitesse grand V, c’est bien le spectre électro, un phénomène qui a donné naissance à toute une panoplie de festivals et d’événements, les MEG, MUTEK, ELEKTRA, qui réunissent les observateurs de cette scène. Et Barbara, avec ses antennes dressées, est sensible à l’air du temps. "Tout est comme ça, la mode, par exemple. À un moment donné, t’aimes pas ce qui se retrouve dans les boutiques, les froufrous, les broderies, il se fait juste ça, tu te plains… Un an plus tard, ton œil s’est habitué à ce que tu n’aimais pas. T’es peut-être en retard sur la mode, mais comme tu as vu juste ça pendant un an, c’est désormais ce que t’achètes et que tu portes. C’est comme pour les bottes rondes… Moi je porte des bottes pointues depuis longtemps. Ça a pris bien du temps à bien du monde à s’habituer aux bottes pointues, maintenant, les gens en portent… sauf que moi je suis rendue aux rondes! On s’habitue à ce qui se fait, et on ne s’en rend même pas compte…"
Imprévisible Barbara qui a aussi, à l’instar d’Amon Tobin, livré la trame sonore d’un jeu vidéo (PlayStation 2) et participé à la bande originale du premier long-métrage de Ziad Touma, Saved by the Belles, en plus d’un projet secret qui nous la révélera encore sous une nouvelle identité… "C’est sous un nom d’artiste que je ne dévoile pas… Les gens ne sauront pas que c’est moi, ça me fait un petit quelque chose de ne pas pouvoir mettre ce projet en ligne sur mon site Web (www.misstressbarbara.com), et ce serait trop mélangeant si je sortais ça sur Iturnem, mon label techno, ou sous Barbara Brown…" Comment? Déjà rendue ailleurs? "Oui parce que, honnêtement, je suis déjà un peu tannée de la house…"
Le 5 mai
Avec DJ Mini
Au Métropolis
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