Alain Caron : Cri de basse
Alain Caron, musicien de réputation mondiale et ex-bassiste de la formation Uzeb, fait une rare escale dans la région. Il vient présenter au Moulin Michel de Bécancour son spectacle dérivé de l’album 5.
Alain Caron ne se range pas du côté des puristes. À chaque album, l’audacieux bassiste réinvente le jazz sans jamais perdre de vue ses fondements. Citons l’exemple du disque Basse contre basse, une rencontre entre la basse et la contrebasse (avec Michel Donato), ou de l’intimiste Caron-Ecay-Lookwoood enregistré à Paris. Avec 5, la même histoire s’est répétée. Mais cette fois, c’est la musique électronique que le jazzman a voulu explorer pour ce disque, créé en 2003 dans son propre studio.
"Pour cet album-là, je m’étais dit que je voulais essayer de marier encore la musique faite de façon traditionnelle, jouée par des musiciens sur des instruments traditionnels, mais avec de la musique faite par ordinateur. Et ça, je l’ai réalisé moi-même par curiosité, par désir d’avoir un résultat différent des autres", explique le bassiste. S’il est fasciné par les nouvelles technologies depuis ses débuts avec Uzeb, Alain Caron ne pense pas se cantonner dans ce style. Déjà, il mijote d’autres projets. "Je ne veux pas toujours faire le même disque. Évidemment, j’ai une carrière qui a été beaucoup plus axée sur le jazz fusion, la suite du jazz-rock et tout ça. Mais j’ai toujours joué du jazz plus traditionnel, du jazz acoustique issu du swing, du be-bop. Et de plus en plus – mais je ne dis pas que je vais aller uniquement vers ça -, je vais en faire, pour avoir justement une vision plus large. Étant donné que j’ai toujours été curieux, je n’ai jamais fermé de porte. Pour moi, la musique, c’est une chose avec différentes couleurs, mais une seule chose. Je me laisse être juge de dire si c’est bon ou pas. Après ça, les gens sont libres de juger s’ils aiment mes albums ou pas. Mais moi, je crois avancer. Je pense que j’avance… encore."
Passionné, le musicien continue cependant de marcher dans un chemin jonché d’épines; jouer du jazz demeure un éternel combat. "La musique jazz est une musique classique maintenant. C’est sûr qu’il y a de nouvelles branches: le hip-hop, l’acid jazz… Mais ça, ce sont des modes. Il reste que ce n’est pas de la musique qui va être médiatisée, qui va nous amener à être invités à jouer aux émissions de radio ou de télé spécialement populaires, qui nous donne l’occasion de nous faire voir et de faire une bonne campagne promotionnelle pour toucher beaucoup de gens. […] Pour faire ça, on n’a pas les outils de la musique pop. Je ne dirais pas que les médias sont fermés, mais c’est quand même plus difficile de faire de la promotion pour un album de jazz que pour une belle chanteuse. C’est à peu près évident. Sauf que moi, je crois que le public potentiel pour apprécier le jazz est beaucoup plus grand qu’on ne le prétend", laisse-t-il entendre, confiant.
Le 7 mai à 20 h
Au Moulin Michel
Voir calendrier Jazz/Actuelle