Les Contes d'Hoffmann : Offenbach nous est conté
Musique

Les Contes d’Hoffmann : Offenbach nous est conté

Les Contes d’Hoffmann, mis en scène par Alejandro Chacón, concluent la présente saison de l’Opéra de Québec. Entretien à propos d’un classique immortel.

L’opéra Les Contes d’Hoffmann de Jacques Offenbach, deuxième production de l’Opéra de Québec, en est aux derniers préparatifs. Supervisée avec soin par le metteur en scène sud-américain Alejandro Chacón, la distribution élaborée se lance en terrain connu dans l’univers musical du compositeur français d’origine allemande, champion de l’opérette en tout genre. C’est avec affection que le metteur en scène argentin nous entretient sur la mise en œuvre de l’unique opéra d’Offenbach, dans une mise en scène importée d’une autre maison d’opéra, à Bogota en Colombie. "On doit être imaginatifs en Amérique du Sud, indique Alejandro Chacón. On fait face à une réalité économique particulière qui nous donne ce sentiment que tout reste à faire. C’est avec le concepteur Enrique Bordolini que s’est réalisé l’élément clé de cette mise en scène: une plate-forme en aluminium qui recouvre la scène. Elle a un fonctionnement simple de pivotement aux extrémités et permet des entrées scéniques multiples. Un support idéal pour composer avec l’atmosphère féerique de l’histoire."

C’est bel et bien un univers singulier que construit cet opéra. L’écrivain allemand E.T.A. Hoffmann (Marc Hervieux, ténor) nous plonge dans son imaginaire fantastique en empruntant à trois de ses contes le récit de trois personnages distincts: Olympia (Mélanie Boisvert, soprano), Antonia (Agathe Martel, soprano) et Giulietta (Louise Guyot, mezzo-soprano). Trois muses qui révèlent une admiration avouée pour une cantatrice, Stella, et qui précisent les traits distincts d’une personnalité qui lui échappe: l’artiste, la jeunesse et la courtisane. "Un metteur en scène, souligne Alejandro Chacón, doit se mettre dans les souliers du compositeur pour saisir l’idée générale de la trame narrative et de la musique qui l’accompagne. Tout se justifie par la musique. Cet emprunt, par exemple, à Don Giovanni de Mozart dans le prologue, comme si l’opéra avait lieu juste à côté du café où nous nous trouvons, en dit beaucoup sur l’ingéniosité et l’amour d’Offenbach pour celui-ci. Offenbach, c’est "le petit Mozart des Champs-Élysées", un surnom qui confirme le parcours unique d’une carrière accidentelle et prolifique."

Dans une édition corrigée – depuis la découverte d’un nouveau manuscrit par Michael Kaye – qui apporte de nouvelles précisions sur le troisième acte de Giulietta si souvent remanié, le baryton John Fanning (les quatre vilains) et la mezzo-soprano Julie Bouliane (Nicklausse), entre autres, se joignent à la distribution sous la direction d’Eve Queler, chef d’orchestre dont l’expérience acquise dans le monde de l’opéra est indéniable. "Une collaboration entre un chef d’orchestre et un metteur en scène, c’est un aigle à deux têtes, explique Alejandro Chacón. Pour ma part, le moment théâtral est primordial et décide du temps requis pour le déroulement de l’opéra. Tout se conjugue à partir de la connaissance acquise, de part et d’autre, de la partition musicale et du respect qu’on lui porte."

Les 14, 17, 19 et 21 mai
Au Grand Théâtre