Les Respectables : La planète des singes
Musique

Les Respectables : La planète des singes

Les Respectables souffleront sous peu leurs 15 chandelles de vie rock’n’roll. Alors que bien des groupes de cet âge en sont au énième retour, le quatuor de Québec présente un cinquième album où il laisse poindre quelques dents.

"Avec tout ce qui se passe dans le monde, on n’avait comme pas le choix", explique le guitariste Pascal Dufour sur l’état préoccupant de la petite boule bleue, tel que dépeint sur le nouvel album des Respectables, Le Monde à l’envers (Sphere/Dep). "Ça va tellement mal et il y a tellement d’affaires qui se passent qu’il faut réagir", poursuit-il, néanmoins encouragé par l’éveil toujours croissant des consciences. "On dirait que les jeunes, de plus en plus, l’environnement et tout ça, ça les touche. Et ayant une tribune comme la nôtre, il faut s’en servir…"

Le diktat des marchés, les nébuleux desseins de certains dirigeants et la détérioration de l’environnement figurent parmi les cibles privilégiées du quatuor. Mais comme l’indique le bassiste Stéphane Dussault, "ça reste un album rock’n’roll, qui parle des thèmes rock’n’roll!" En effet, histoires d’amour, liberté et vie sur la route sont autant d’autres thèmes émanant du disque, enregistré cet hiver avec Toby Gendron (Jean Leloup, Éric Lapointe). L’album aux sonorités polies distille rock accrocheur et douces ballades, le tout servi par quatre musiciens soudés à souhait par plusieurs années d’union. "On se connaît bien, acquiesce Pascal. Ce n’est pas trop long qu’on est capables de retourner une toune d’un bord ou de l’autre…" "On se reconnaît à l’odeur de nos pets", ajoute Dussault, provoquant une nouvelle séance d’hilarité générale. L’autre Stéphane, Beaudin et batteur, enchaîne plus sérieusement: "Toby voulait vraiment centrer ça sur les quatre gars qui jouent ensemble, sans trop de fignolage. C’est pas mal l’album, selon moi, qui se rapproche le plus de nos spectacles…"

Au sujet de la longévité du groupe, qui fêtera bientôt ses 15 ans de sévices, Beaudin ne voit pas de recette miracle autre qu’un amour viscéral du rock. "On a encore un rêve commun, des buts musicaux communs, puis on partage une amitié forte et bien enracinée…" Du lancement de Full Regalia! au Capitole à la récolte du premier Félix, en passant par la première partie des Stones ou une visite mémorable à Saint-Pierre-et-Miquelon, les bons souvenirs affluent. "La fois où on avait presque fait couler le Louis-Jolliet", se rappelle Dussault. "On s’en fait encore parler aujourd’hui par les gens qui étaient là", renchérit Pascal. "C’était épouvantable, il y avait ben trop de monde!" À Québec, on ne compte plus les légendes de "supra-rumbas" impliquant ces chers Respects. "C’est pas un party sept jours sur sept, assure Beaudin. Parce qu’il arrive des fois des petites histoires, ça se raconte, puis ça devient big, big… On est des gars qui aiment la vie, on en profite; oui, on fait le party, mais on n’en fait pas une maladie. On ne pourrait pas faire tout ce qu’on fait sinon", poursuit-il, ajoutant que le groupe s’entend et s’amuse toujours aussi bien qu’aux premiers jours. "On pratique même l’autodérision, rigole Dussault, imité par ses complices. Il y a un petit côté Spinal Tap dans chaque band, et on n’y fait pas exception…"

Les Respectables
Le Monde à l’envers
(Sphere/Dep)