Alpha Yaya Diallo : Traditions et évolution
Alpha Yaya Diallo, guitariste et chanteur africain de renom, récidive avec Djama, un nouvel album toujours empreint d’un équilibre entre la musique du monde et la modernité à l’occidentale.
De sa Guinée natale à son Vancouver d’adoption, Alpha Yaya Diallo a parcouru terres et mers armé d’une guitare, de percussions africaines et de pièces et chansons qui invitent tour à tour à la célébration, à la mélancolie et à la passion. Bien soutenue par la maîtrise du doigté d’Alpha à la guitare ainsi que par son naturel vocal ébranlant, sa musique allie le traditionalisme africain aux musiques contemporaines. Mais l’artiste insiste: les coutumes d’abord. "Je cherche à garder plutôt la tradition. À maintenir la tradition tout en colorant un peu avec le style moderne. Vous savez, l’objectif de tout ce qu’on est en train de faire, c’est l’évolution. Ce n’est pas une façon de changer, mais on évolue", explique le musicien autodidacte d’une maturité et d’une sagesse imposantes.
Le nomadisme. Le voyage. Le mouvement. Pour Alpha Yaya Diallo, il ne pourrait en être autrement. "Pour moi, le voyage occupe une place très importante. C’est en voyageant qu’on apprend, qu’on voit. Ça fait partie de la vie complète de l’artiste, le voyage", justifie-t-il. Mais cette nécessité de parcourir le monde implique des complications de nature politique et raciale. "Ça tue l’évolution d’une musique, d’une culture. Parce que ce déplacement, ce frottement fait partie de l’évolution d’une culture. Il faut véhiculer. Si les Chinois sont grands ici aujourd’hui, c’est parce qu’ils sont venus avec leur culture. Ils l’ont véhiculée. S’ils étaient restés en Chine, personne n’aurait pu le savoir."
Mais selon lui, malgré la popularité de la world music, la vie n’est pas particulièrement rose pour les musiciens qui s’y aventurent. Particulièrement au Canada. "Le marché canadien de disques néglige beaucoup les artistes de world music. Je ne vois pas un artiste africain au Canada qui est avec Sony, qui est avec Virgin. Combien de musiciens africains ont grandi en France? Ils leur ont donné ces occasions. Ils ont signé Mory Kanté, Salif Keita, Koffi Olomide, Papa Wemba. Tous ces gens-là étaient en France et ils ont été connus internationalement à partir de la France. Il y a une sorte d’hésitation au Canada." Quoi qu’il en soit, avec trois prix Juno sous son aile, Alpha Yaya Diallo continue de bien s’en tirer dans son pays d’adoption comme partout ailleurs.
Le 22 mai à 21 h 30
Au Parc Major’s Hill
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Alpha Yaya Diallo
Djama
(Jericho Beach Music)