Michael Kaeshammer : La leçon de piano
Michael Kaeshammer apparaît non seulement comme un interprète brillant des traditions pianistiques du blues et du jazz, mais aussi comme un chanteur sensible et émouvant.
Musicien d’origine allemande, Michael Kaeshammer est arrivé au Canada en 1995 à l’âge de 17 ans. En 96, il enregistre un premier disque, Blue Keys. Déjà, les critiques soulignent sa prodigieuse technique et son habileté à donner une forme nouvelle à des classiques du blues et du jazz. En 98, Peter Cardinali (membre de la formation culte The Boomers) permet au jeune homme d’enregistrer un premier album pour Alma Records. En 2000, le producteur l’amène à La Nouvelle-Orléans où il enregistre No Strings Attached avec de vieux routiers comme Art Neville. En 2002, le jeune pianiste reçoit deux West Coast Music Awards comme Performer of the Year et Musician of the Year. En 2004, il fait paraître un quatrième opus, Strut.
Michael Kaeshammer a d’abord eu une formation classique, puis a subi l’influence paternelle: "La transition s’est faite de façon très naturelle. Mon père écoutait beaucoup de ragtime. Un jour – j’avais alors 13 ans -, mon père a acheté un disque de Pete Johnson. Tout de suite, j’ai essayé de reproduire ce qu’il faisait." Kaeshammer ne joue pas les pièces de ragtime et de boogie-woogie de façon nécessairement orthodoxe, pas plus qu’il ne se limite à ces styles: "Bien sûr que je connaissais Tatum, Powell, Monk. Mais j’ai voulu commencer par le début. Scott Joplin ne jouait pas exactement la même chose d’un soir à l’autre. Ce qui est écrit fournit plein d’idées pour improviser."
Aussi trouvons-nous, sur un disque comme Strut par exemple, du ragtime (Almost A Rag), du boogie-woogie (Bass Gone Crazy, d’Albert Ammons), du stride (Sunny Morning, du jeune Teddy Wilson), mais aussi du funk, des ballades romantiques et du jazz moderne. Quels liens les formes plus anciennes de jazz peuvent-elles avoir entre elles? "Ces styles proviennent soit du blues (le boogie-woogie), soit du ragtime (combinaison du ragtime et de la musique européenne) et se sont développés dans les mêmes grandes villes: La Nouvelle-Orléans, Saint Louis, Kansas City." Certains styles semblent représenter de grandes difficultés: "Le stride de Willie "The Lion" Smith, de Lucky Roberts? Physiquement, oui (à cause de l’indépendance des deux mains). Pour d’autres styles, ce sera les harmonies. Dans tous les cas, il s’agit de l’équilibre entre tension et résolution. Le piano de jazz en solo est, en général, un art en soi. C’est différent du trio. Il faut s’occuper de tous les aspects: rythme, mélodie et harmonie." Le voyage effectué par Kaeshammer à La Nouvelle-Orléans, en 2000, l’a fortement impressionné: "Être là d’où toute cette musique provient est très inspirant. Pour ces musiciens, il n’y a pas de frontières."
À écouter Michael Kaeshammer chanter un classique du jazz vocal comme Comes Love ou encore Cry to Me, de Professor Longhair, on ne peut résister à l’envie de le mettre sur le même pied que Michael Bublé et Peter Cincotti. "J’ai une grande admiration pour Moose Allison. Il a trouvé l’équilibre parfait entre le piano et le chant. J’aime l’innocence des premières œuvres. Avec Strut, l’accent était mis sur le piano. Entre-temps, je suis devenu plus à l’aise et j’interprète plus de chansons."
À l’Anglicane, le pianiste se produira en trio. Il sera entouré d’une contrebassiste, Brandie Distirhyft, et du batteur Ben Riley.
Le 13 mai à 20 h
À l’Anglicane
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