Tricia Foster : Paradoxale Tricia
Musique

Tricia Foster : Paradoxale Tricia

Moins d’un an après ses débuts en solo, Tricia Foster est couronnée Découverte de l’année au Gala Trille Or 2005. La jeune artiste militante nous dévoile ses propos humanitaires et écologiques parfois controversés.

Novembre 2005. Tricia Foster lance son premier opus Tricia 412, un disque folk urbain éloquent à la réalisation sans tache, aux harmonies vocales séduisantes, aux teintes rock, jazz, électronica et blues et aux rythmes accrocheurs. Une œuvre rafraîchissante réalisée en toute indépendance, où tous les aspects furent pris en main par elle-même et son complice Shawn Sasyniuk, de la composition à la production en passant par la conception de la pochette et le marketing. "Je ne me vois pas signer avec une compagnie de disques. Du moins, si oui, ce serait une compagnie de disques aussi indépendante, qui aurait les mêmes propos sociaux que moi", justifie-t-elle avec assurance.

Rares sont les artistes qui, à leur premier essai en solo, arrivent à maîtriser tous les aspects de la production avec autant de succès. Mais Tricia est une femme de convictions et d’implication. D’ailleurs, ses chevaux de bataille sont nombreux, mais ses principales étincelles sont d’ordre écologique. "Je vois ce qui est inacceptable, ce qui se passe avec nos ressources naturelles. Moi, je ne comprends vraiment pas ce qui se passe, de payer 30 $ pour aller camper dans la forêt. Je ne comprends rien. Ça n’appartient à personne, cette forêt, ça appartient à la Mère Terre. On n’est que des pensants ici sur la Terre et ça ne nous appartient pas."

Mais Tricia est fort consciente que ses points de vue sont parfois antithétiques. "J’ai beaucoup de paradoxes internes qui me dérangent beaucoup. C’est sûr que l’écologie, c’est quelque chose qui me tient à cœur. Je recycle. J’avais un projet de vermicompostage chez nous, donc il y avait des petits vers de terre qui mangeaient ma bouffe. Tu sais, donc je suis très très grano! Paradoxe interne, c’est que je vais m’allumer une cigarette! Tu sais! Maintenant, mon gros goal, c’est comme Allen Carr’s Easy Way to Quit Smoking, il faut absolument que j’arrête de fumer", s’exprime-t-elle en riant.

LA FORÊT DU VERBE

Passionnée d’histoire, Tricia se questionne également sur les priorités des gens et ne se gêne pas pour remettre en question l’importance des conflits linguistiques, malgré ses origines franco-ontariennes. "Je suis Franco-Ontarienne. J’écris en français, ça va. Mais je ne porte aucun drapeau ou flambeau qui a rapport avec la langue. Moi, les crises de langue, j’en ai marre. La planète est en train de mourir rapidement et les gens sont en train de se battre pour une langue. Si tu ne peux pas marcher sur la Terre, t’as pas de crise de langue. Une étape à la fois. When I prioritize dans ma tête, l’essentiel ce serait de bien vivre. Et ce n’est pas que je ne comprends pas l’histoire…"

"Pour moi, une langue, c’est juste un means of communication. En autant que deux personnes peuvent se comprendre, peu importe la langue, c’est cool. Mais c’est personnel. Perdre autant de bonne énergie – parce que les gens sont prêts à militer, ils sont prêts à faire des changements et ils donnent plein de temps -, je trouve que ce n’est pas sur ma liste de priorités. C’est pour ça que je refuse de porter le flambeau."

Son intégrité et son dévouement, Tricia les pousse jusqu’à offrir ses services bénévoles pour des causes comme le Kenora Art Reach Program et à remettre une partie des revenus de son album à un organisme humanitaire. Même le choix de sa pochette est à l’image de son implication écologique: pour le double du coût d’un emballage conventionnel, Tricia et son complice ont plutôt opté pour le carton recyclé. "Moi et Shawn, on s’est assis et on s’est dit: "OK, écoute, ce n’est pas rentable de le faire. En fait, ça va nous endetter tous les deux." Et ça nous a endettés, les deux. Mais je peux dormir la nuit. Je sais que je n’ai pas des boîtes pleines de plastique."

Le 19 mai à 19 h 30
Au Parc Major’s Hill

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Tricia Foster
Tricia 412

(Les disques Bernadette)

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DE TRILLE OR AUX TULIPES

Tricia Foster nous livre ses pensées sur les artistes avec qui elle partageait les feux de la rampe au Gala Trille Or et qui brûleront également les planches extérieures du Festival des tulipes avec elle, le jeudi 19 mai prochain.

Marcel Aymar: "Mystérieux. Son être et sa musique. On stage, il se dévoile et on dirait qu’en personne, il est calme, il est réservé, il fait son truc. Mystérieux."

L’Écho d’un peuple: "Fascinant. Moi, je suis en histoire, donc j’adore les trucs comme ça. Ils m’ont donné des goosebumps, la chair de poule."

Swing: "Ah, Swing! Ils me font rire. Ils travaillent vraiment fort, mais ils n’oublient jamais c’est quoi avoir du plaisir."