Eric Burdon : Cas d'espèce
Musique

Eric Burdon : Cas d’espèce

Eric Burdon n’a pas perdu la flamme qui l’anime depuis les glorieuses sixties. S’il pestait contre l’industrie du disque à l’époque, la tangente prise par la société de divertissement actuelle est loin de le calmer. Pas plus que les aéroports…

Le soir de son 64e anniversaire, le 11 mai, Eric Burdon devait encore subir les mesures de sécurité aiguës des aéroports du 3e millénaire. Avec ses nouveaux Animals qui l’accompagnent depuis plus de 10 ans –Bernie Pershey (batterie), Dave Meros (basse), Dean Restum (guitare) et Martin Gerschwitz (claviers)-, le chanteur était en route pour Milton (Ontario), où il entame une nouvelle tournée de l’Est nord-américain. "Ce n’est plus ce que c’était: monter dans un avion, c’est un peu comme être admis dans une prison fédérale…"

Bien des choses ont changé depuis son arrivée en Amérique, au milieu des années 60. Avec la 1re mouture des Animals, il se chargeait alors du volet plus blues et R & B de l’explosion rock britannique, aux côtés des Stones et autres Beatles. "Il y avait de l’aventure dans l’air et une soif pour la nouveauté", se souvient le natif de Newcastle, apportant sa lecture au concept d’invasion anglaise. "Pour nous, l’idée était de piger dans l’histoire musicale américaine et de la leur remettre sous le nez, car ils l’avaient tout simplement oubliée. Il y avait un mouvement en Amérique à cette époque qui tendait vers l’éradication de la musique noire; on interdisait aux radios d’en jouer! Alors, en Angleterre, on a repris ça; on l’a dépoussiérée, revitalisée, puis ils ont appelé ça la British Invasion…"

Si le transport aérien et la ségrégation culturelle ne sont plus ce qu’ils étaient, l’instinct guerrier de l’Oncle Sam et l’industrie du disque ne semblent guère mieux se porter qu’à l’été de l’amour. "À cette époque, tu quittais pour une tournée interminable et tu revenais à la fin pour te rendre compte qu’il ne restait plus un sou!", relate-t-il. "Aujourd’hui, tu signes avec une grande compagnie et elle te donne plein d’argent pour enregistrer un album, plus 80 000 $ pour réaliser un clip. Tu te prends pour Dieu, tu fais ton disque, le lances… pour te rendre compte que tu dois tout rembourser! Heureusement, aujourd’hui, il y a des alternatives", poursuit celui qui fait équipe avec une modeste étiquette indépendante d’Allemagne (SPV) afin de s’assurer un minimum de liberté. Un album en concert serait d’ailleurs en cours de finition, et le successeur studio de My Secret Life (2004) devrait paraître cet automne. "Pour moi, la musique est une science, une science spirituelle et une façon de passer du bon temps… Et ça m’évite de devoir travailler pour vivre!", rigole-t-il, hésitant à spéculer sur l’avenir de l’industrie. "Avec tous les changements qui surviennent dans le monde, il est difficile de prévoir ce qui nous attend. J’arrive de Grèce et les gens ne sortent plus au cinéma là-bas, car l’édition de fin de semaine du journal distribue gratuitement des films en DVD. Alors les salles disparaissent. Et c’est la direction que prend l’industrie du divertissement. C’est ça qu’ils veulent; ils te veulent au travail, et lorsque tu reviens chez toi, tu y restes. Ils ne souhaitent surtout pas te voir dans la rue! Je crois que c’est une évolution très malsaine du contrôle de l’espèce. Épeurant…"

Le 17 mai
Au Medley

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