Mars Volta : Objectif Mars
Musique

Mars Volta : Objectif Mars

Mars Volta puise son inspiration dans les sombres mystères de la vie qu’il transpose sur de longs albums progressifs. Les ambiances sont variées et les rebondissements essentiels. Mais n’allez surtout pas dire à ses membres qu’ils sont conceptuels…

Avec son premier album De-Loused in the Comatorium lancé en 2003, bien malgré lui, Mars Volta s’est fait cataloguer de groupe cérébral avec ses concepts un brin tordus et sa relecture moderne du courant rock progressif. Vous comprendrez que des groupes alternos sous contrat avec une étiquette majeure (Universal) qui se permettent des pièces de 12 minutes évoquant le combat mental d’un comateux, ça ne court pas les rues. Or, la suite attendue n’a rien pour dissiper l’image du combo mené par les ex-At the Drive-In Cedric Bixler et Omar Rodriguez-Lopez.

Baptisé Frances the Mute, le nouveau disque du groupe s’inspire d’un journal intime qu’avait trouvé son défunt claviériste, Jeremy Ward. "Honnêtement, je commence à "blaser" de toujours discuter de concept et de musique prog avec les journalistes", lance à ce sujet Omar, qui se fait tout de même bavard sur la question. "Qu’est-ce qui n’est pas conceptuel dans la musique? Il y a une idée derrière chaque album lancé, non?" D’accord, mais disons qu’avec Mars Volta tout devient plus nébuleux. "Pas pour moi. Lorsque à l’école tu ne t’entends avec aucun de tes camarades de classe et que, soudainement, tu rencontres un gars avec qui ça clique, les choses s’éclaircissent. C’est exactement ce qui m’est arrivé lorsque j’ai rencontré Cédric. En ce sens, nos compositions n’ont rien de bizarre. Elles sont le reflet de notre personnalité."

Si Omar évoque ainsi sa vie d’écolier, c’est qu’originaire de Porto Rico, il a dû s’adapter à la vie américaine. "J’avais neuf ans lorsque ma famille à déménagé dans le sud des États-Unis. À l’école, on riait de moi à cause de mon accent, de ma peau foncée et de mes cheveux frisés. C’est à cette époque que je me suis mis à vivre dans mon monde imaginaire."

Cet univers ne comporte peut-être aucun secret pour Omar et Cedric, mais pour sa part, l’auditeur doit répéter l’écoute de Frances the Mute pour réellement pénétrer dans le registre expérimental de la formation. Avec ses 77 minutes de rebondissements, de passages instrumentaux, de guitares percutantes, de touches free jazz, de pesanteurs rock et de légèretés latines, l’expérience requiert une attention particulière. Une façon, pour Mars Volta, de rendre hommage à Jeremy.

"Les gens ont insisté sur l’histoire du journal intime, mais en réalité, le disque découle davantage d’une nostalgie éprouvée suite au décès de Jeremy. Cédric et moi avions cette discussion: "Hé, tu te souviens quand il lisait sans cesse ce journal qui n’était pas le sien? – Oui, c’était à l’époque d’At the Drive-In, lorsque nous vivions dans un magasin sans douche et que nous devions traverser la rue chaque matin pour nous laver chez le voisin!" Cette conversation a fait boule de neige, et nos souvenirs se retrouvent sur l’album. Nous n’avions même pas ledit journal avec nous au moment de composer." Une nuance importante pour Omar qui conclut sur une note plus légère: "C’est probablement mieux comme ça puisque que son auteur mystère ne pourra jamais nous poursuivre pour plagiat!"

Le 12 mai
Au Métropolis

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