Stereophonics : Stéréo Rock
Stereophonics délaisse les ambiances plus douillettes des dernières années et revient aux distorsions. Exit la douceur pop britannique, l’heure est au défoulement énergique.
Pour justifier la direction plus folk des troisième et quatrième albums des Stereophonics, le chanteur et compositeur de la formation, Kelly Jones, expliquait qu’à force de donner des concerts rock forts en décibels, le trio en était venu à écouter des albums de Bob Dylan et de Neil Young dans ses temps libres afin de ménager ses oreilles pour les concerts du soir. Résultat, bien qu’ils conservent quelques pointes plus agressives, Just Enough Education to Perform (2001) et You Gotta Go There to Come Back (2003) présentaient un groupe plus posé que sur les premiers compacts Word Gets Around (1997) et Performance and Cocktails (1999). Or, le dernier-né des Britanniques, Language. Sex. Violence. Other?, prouve que si le processus a fonctionné dans un sens, il peut s’avérer tout aussi efficace dans l’autre.
"Nous avons passé les deux dernières années à offrir des performances plus somptueuses où nous avions renforcé le groupe d’un quatrième (clavier) et cinquième membres (guitare), soutient le bassiste Richard Jones, assis dans une chambre d’hôtel d’Austin, Texas. Nos spectacles étaient plus calmes alors que dans l’autobus de tournée, nous écoutions les Strokes, Kings of Leon et des légendes comme les Stooges et les Clash. Les pièces de Language. Sex. Violence. Other? (un titre faisant référence aux mises en garde retrouvées sur les pochettes de DVD) ont toutes été écrites pendant cette période."
"Notre série de concerts en compagnie de David Bowie nous a également redonné le goût de brasser la cage. Nous devions jouer 40 minutes devant un public qui n’était pas le nôtre. Il fallait déployer une énergie plus soutenue afin de maintenir l’attention."
Faisant office d’exception sur l’album précédent, le rock explosif de la pièce Madame Helga sert presque aujourd’hui de canevas de base au cinquième disque des Stereophonics, qui compte parmi ses rangs un nouveau batteur. Conservant tout de même sa touche britannique soignée qui la distingue de la tendance garage des dernières années, la formation évoque au passage les Vines en raison du même timbre de voix éraillée que possèdent Kelly et le chanteur de la formation australienne, Craig Nicholls. Des pièces comme Girl, Dakota et Doorman permettent à Kelly de nouveaux défoulements, lui qui n’a jamais eu la langue dans sa poche. "Tu aimes me jeter dans la rue / C’est pas de ma faute si tu ne sais pas lire / Tu es comme un singe qui me dévisage / Alors suce ma banane, suce-la avec de la crème", chante-t-il sur Doorman.
"Kelly a écrit ce texte en réponse aux problèmes qu’il avait rencontrés avec un portier de Seattle où nous donnions un concert le même jour que Super Furry Animals. Nous étions sortis de scène plus tôt pour aller voir nos compatriotes, mais le garde de sécurité n’a pas cru Kelly lorsqu’il lui a expliqué qu’il jouait pour Stereophonics. Une chicane a éclaté et Kelly s’est fait "bardasser"."
Avis aux portiers du Cabaret Music-Hall, où le groupe se produit dimanche.
Le 15 mai
Au Cabaret Music-Hall
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