Yoav Talmi : En face de la modernité
Musique

Yoav Talmi : En face de la modernité

Yoav Talmi dirige l’Orchestre symphonique de Québec pour le final de la présente saison. Un concert où la sérénité trône au-dessus de la modernité.

Maestro Talmi nous a habitués, depuis son arrivée à l’Orchestre symphonique de Québec, à des créations sollicitant un effectif imposant. On pense à la deuxième symphonie Lobgesang de Mendelssohn cette année ou encore au Requiem allemand de Johannes Brahms, à titre d’exemples. Pour cette fin de saison, il ne déroge pas à ce plaisir évident d’une scène remplie à pleine capacité dans un programme où la voix est l’instrument central. C’est avec la Messe de requiem en do mineur de Luigi Cherubini que cette passion se communiquera. "Le chant a toujours été au centre de mon intérêt pour la musique, confie Yoav Talmi. Mon père était chef de chœur et, moi-même, j’ai été membre de ce chœur durant la majeure partie de ma jeunesse. Cette proximité avec le répertoire choral procure des affinités uniques qui restent et se cultivent avec le temps."

Avec ce Requiem, Yoav Talmi propose un répertoire préromantique aux particularités singulières, propres à Cherubini. Le compositeur florentin, ayant passé en France la majeure partie de sa carrière, représente le juste compromis d’une esthétique classique italienne qui se conjugue à une expression dramatique typiquement française. Une exploration voulue par la direction artistique d’élargir sa programmation au-delà du cercle des compositeurs allemands si souvent abordés. "Cela fait partie de notre cycle, élaboré depuis les cinq dernières années, indique Yoav Talmi, qui inclut deux œuvres chorales majeures à l’intérieur de la programmation. La Messe de requiem de Cherubini possède ce caractère imposant dans la forme mais, étant dépourvue de passages solistes, elle inspire une atmosphère plus intime et une communication directe avec le public. Une expression d’ensemble à laquelle les spectateurs peuvent s’identifier."

Le programme, par contre, est pour le moins surprenant. Associer la Symphonie en trois mouvements du compositeur russe Igor Stravinski, qui détonne par son caractère d’une intensité folle, semble provocateur. Une symphonie qui marque, entre autres choses, le passage de Stravinski aux États-Unis, dernier pays d’adoption de ce compositeur en exil. "La Symphonie en trois mouvements de Stravinski est représentative de la société moderne, précise maestro Talmi. Son rythme, sa dynamique, cette impression de noise. On fait un lien direct avec la vie moderne qui nous entoure. Celle des grandes villes comme New York, par exemple. Cette exactitude dans l’expression de la modernité contraste à merveille avec la sérénité que nous apporte le Requiem de Cherubini. Une atmosphère de tranquillité, très émouvante." Émouvoir en toute lucidité, un leitmotiv qui semble indispensable pour le chef d’orchestre Yoav Talmi. Ce concert est présenté en collaboration avec le Chœur de l’OSQ, préparé par David Rompré.

Les 25 et 26 mai à 20 h
Au Grand Théâtre

Voir calendrier Classique