Yvan Vollé : Douce envolée
C’est avec une saine patience qu’Yvan Vollé a choisi d’évoluer dans le métier, en comptant les gains ponctuels, mais aussi en faisant fi du temps pour mieux se ressourcer. Journal d’un vagabond qui a ralenti…
Il y avait longtemps qu’on avait entendu parler de cet auteur-compositeur-interprète originaire d’Ottawa, Yvan Vollé. Ce grand poète et musicien devant l’Éternel, qui s’est d’abord fait connaître avec ses Voyous, a offert deux albums solo, Triste à Paris et Sans question, ce dernier lui permettant de faire une percée au Québec, avant de s’effacer pour quatre années. La raison à cela? C’est que ce grand vagabond sentimental est devenu père, événement qui changea beaucoup sa trajectoire. "Quand on devient papa, on se rassoit, s’exclame-t-il dans un rire qui en dit long. Faut donner beaucoup d’énergie pour en recevoir en retour et, donc, dernièrement j’en donne. Ça m’a mis les pieds à terre pour finalement me ressourcer artistiquement et aussi apprendre à bien me porter seul", exprime-t-il à travers les gazouillis de son fils de deux ans qui, visiblement, joue près de lui.
Celui qui a été garçon de table pendant 15 ans, notamment au Centre national des Arts, se rappelle bien cette époque où il disait pouvoir jouer "sur les meilleurs pianos en ville". L’an dernier, il ouvrait d’ailleurs Les Vendredis de la chanson à la Quatrième Salle en s’accompagnant de son poupon qui pianotait avec lui.
PAS À PAS
Ayant déjà enregistré quelques pièces en studio à Montréal, l’artiste bohémien semble ennuyé d’en parler, ne sachant trop quand viendra le prochain opus. "C’est souvent une affaire de marketing et je n’aime pas ça. Ça reste une production, alors que ce que j’offre en spectacle, c’est plutôt du réel, ça dit qui je suis, c’est de l’émotion. C’est un partage d’histoires aussi. C’est un spectacle qui va être différent, avec des choses qui sont… imparfaites. Parce que c’est derrière l’imparfait que l’on trouve le parfait", note un Yvan qui s’est livré sans aucune réserve au jeu de l’entrevue.
Est-ce que ces quatre années lui ont tout de même permis de prendre un certain recul face au métier? "À vrai dire, je n’y crois pas au métier, simplement à ce qu’on voit et à ce qu’on a fait dernièrement… Je crois en mon art. Faut vraiment être soi-même dans ce métier et pas toujours tenter de devenir l’autre." Et c’est avec cette mentalité qu’il a mené sa carrière, en plaçant ses pions de façon à s’assurer une certaine longévité. Lors de la promotion de ses CD, c’est sans retenue qu’il partait, son sac sur le dos, aller présenter son folk contemporain avec des accents rock et blues à Vancouver ou à Régina. Ces dernières années, il s’est installé à Montréal pour tenter de percer davantage le marché québécois, qu’il trouve difficile. "Je préfère gérer mes choses moi-même et, en même temps, j’ai en quelque sorte lâché prise. Je veux voir ce que le monde a à m’offrir. Je pense qu’avec tout le voyagement que j’ai fait, j’ai semé des bonnes intentions, je pense que ça va fleurir avec le temps", constate le chanteur à la voix parfois rauque, parfois douce, que l’on a comparé aux Arthur H, Jean Leloup et Plume Latraverse de ce monde.
Dans le spectacle qu’il donnera le 20 mai prochain, des clins d’œil présentés de façon décousue seront faits à ses auteurs de prédilection, tels que Denis Vanier et Anne Hébert: "Je veux parler d’autres personnes parce que pour avancer il ne faut pas oublier les autres." Il fera également des pièces de Tom Waits. "J’aime son esprit de vagabond. Qui se ressemble s’assemble! s’exclame-t-il avec un fort accent. Mais c’est aussi pour que les anglophones s’y reconnaissent. Je tente de les initier aux textes français de littérature, je fais de même avec les francophones. J’essaie de partager les idées de langue", avoue-t-il candidement.
Ce touche-à-tout qui se faisait affectueusement appeler "le David Bowie de l’école" par ses camarades au secondaire se considère avant tout comme un artiste authentique. "Je suis un gars qui a vécu beaucoup, qui vit passionnément, qui adore la musique et qui a pu l’utiliser comme véhicule pour montrer ses émotions, voilà tout!" conclut l’artiste de 36 ans à la vieille âme.
Le 20 mai à 20 h
À la Quatrième Salle du CNA
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