Dan Bigras : Sa vie en cinémascope
Dan Bigras donne un spectacle intime à Montréal-Nord avant de disparaître complètement pour le tournage de son film. Rencontre.
Salle de spectacle de Montréal-Nord qui a connu ses heures de gloire de 1968 à 1996, l’Habitat Saint-Camille a longtemps été un arrêt obligatoire pour les plus grands de la chanson. Après une disette de neuf ans, la salle revit grâce à une série de Concerts intimes, inaugurée en février par Gilles Vigneault.
Le 21 mai, ce sera au tour de Dan Bigras de fouler les planches de cette salle mythique. Une des dernières chances de voir et d’entendre l’auteur-compositeur-interprète – devenu acteur et réalisateur – avant qu’il disparaisse pour le tournage et le montage de son long métrage La Rage de l’ange. Aurait-il envie de laisser tomber la musique pour ne se consacrer qu’à l’image? "Au cinéma, l’image n’est rien sans la musique. Et ça va beaucoup plus loin que le simple fait de composer de la musique pour le film. Je m’installe chez moi, je plaque trois accords sur mon piano, ça me met dans un mood, alors j’écris une scène à partir de cet état-là. Et puis, la musique ne s’en va pas comme ça; je peux décider d’arrêter d’être un chanteur rock qui fait des tournées et qui sort des disques, mais pas une seule seconde la musique n’est sortie de moi. Une chance, sinon je serais mort!"
Même s’il a donné une centaine de spectacles depuis un an et demi, on a l’impression que Dan se fait très discret sur la scène musicale. C’est qu’après la sortie de son dernier album, Le Chien, il dit avoir vécu une espèce de burnout: "Si j’ai pris un break, c’était parce que je ne me sentais plus capable de faire mon métier comme il faut. J’avais l’impression de me répéter. C’est terrible à vivre, parce que tu fais un métier où tu prends des choses en toi qui sont souvent dures et pas très jolies, tu les transformes en choses belles – en chansons – et plutôt que d’en avoir honte, tu en deviens fier, tu les montres à tout le monde. Et là, tout à coup, tu n’as plus rien à montrer, alors que tu as fait ça toute ta vie! Je n’ai pas aimé ça du tout. Je me suis retrouvé dans mon salon à ne plus savoir comment gagner ma vie, car je ne sais même pas laver la vaisselle! Mais il m’est arrivé qu’au moment où je ne m’y attendais pas du tout, on m’a offert des rôles. Et je me suis ainsi approché de mon grand fantasme de toujours, celui d’écrire un film."
"Et puis, je vais vous dire, je n’ai même pas changé de métier. C’est un faux débat que l’on fait en ce moment sur les vrais et les faux artistes. Si un acteur veut chanter, s’il est bon, je l’écoute. Point. Moi, j’ai un secondaire IV, j’ai appris autant dans les bars avec des Hell’s que sur les bancs d’école. Il n’y a pas de conservatoire dans le blues. Tu apprends en entrant en contact avec les gens. C’est ça, la véritable école."
Mélange de nouvelles chansons, de très vieilles et de classiques, ce spectacle intime se terminera par une rencontre avec les gens présents. Avis aux fans.
Le 21 mai
Salle de l’Habitat Saint-Camille
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