Karrin Allyson : Voix de velours
Karrin Allyson compte certainement parmi les plus grandes voix du jazz vocal contemporain. Sens du swing, profonde musicalité de l’interprétation, répertoire varié, mais d’abord une voix qui envoûte.
Originaire du Midwest américain, Karrin Allyson a étudié le piano classique à l’université du Nebraska à Omaha. Puis, elle s’est mise à interpréter des chansons populaires dans de petits clubs pour être attirée, par la suite, par les grands musiciens de jazz: Monk, Bill Evans, Cannonball Adderley, des chanteuses comme Nancy Wilson et Carmen McRae. Elle s’est vite retrouvée à Kansas City où elle s’est imprégnée de l’atmosphère du blues et du soul: "J’ai découvert là une ville habitée par le soul. Les musiciens que j’aime le plus aujourd’hui sont très enracinés dans le blues. Par exemple, Mulgrew Miller est né à Memphis".
Le répertoire de la chanteuse est vaste: la tradition noire (blues, soul et jazz), les grands standards (Gershwin, Porter), la chanson américaine, la chanson française et la musique brésilienne. Depuis 1990, neuf albums, tous chez Concord. Les grands critiques (Nat Hentoff, Gary Giddins) n’ont pas cessé de vanter son sens du swing et son habileté à communiquer une grande variété d’émotions. Vers la fin des années 90, elle faisait paraître un album consacré en partie à la chanson française, From Paris To Rio, où elle interprète Sous le ciel de Paris, Ne me quitte pas et Samba Saravah: "Ma mère adorait Édith Piaf. J’ai développé très jeune un vif intérêt pour la langue française. La présence de l’accordéon sur le disque était très importante".
En 2000, Karrin Allyson réalise l’un des beaux disques de l’histoire du jazz vocal: Ballads: Remembering John Coltrane. La chanteuse adore la sonorité des albums de ballade du grand ténor, la façon dont Coltrane et chacun des musiciens créent pour chaque pièce un climat différent, le feeling que cela procure dans l’interprétation: "Ces ballades sont imprégnées par tant de spiritualité. La façon dont Coltrane interprète ces chansons diffère de tout ce qui a précédé. L’énergie qui l’anime s’exprime sans délai". L’interprétation de Too Young To Be Steady, de I Wish I Knew et de It’s Easy To Remember est remarquable. Entourée de brillants solistes, elle apparaît comme une musicienne à part entière: "C’est sûr que je reste le leader de la formation, mais il y a beaucoup d’interaction. Je sens que c’est mon rôle de favoriser cela."
En 2004, Allyson a fait paraître Wild For You, un disque sur lequel elle rend hommage aux auteurs-compositeurs-interprètes qui lui ont donné le goût de chanter, avec lesquels elle a grandi. De grandes chansons de soft-rock: Help Me (Joni Mitchell), The Moon Is A Harsh Mistress (Jimmy Webb), The First Time Ever I Saw Your Face et Feel Like Makin Love, popularisées par Roberta Flack. À l’aide du pianiste-arrangeur Gil Goldstein, elle a cherché à créer un climat propre au jazz, à renouveler ces pièces en termes de rythmes, de couleurs: "J’ai commencé à jouer en public en interprétant ces morceaux, j’ai découvert le jazz après. Le public connaît tellement ces chansons que j’ai demandé à Gil Goldstein de les dépouiller un peu".
Après plus de 15 ans d’expérience, Karrin Allyson réalise mieux que jamais en quoi consiste le métier: "Être musicien de jazz est en rapport étroit avec votre vie. Vous vous amenez avec vos expériences personnelles et prenez la musique comme véhicule." C’est avec trois excellents musiciens de la côte Ouest qu’elle s’amène au Club Soda: Larry Koons (guitare), Tom Warrington (contrebasse) et Joe LaBarbera (batterie).
Le 25 mai
Au Club Soda
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