Télémaque : Une frite?
Selon la mythologie grecque, Télémaque est le fils unique d’Ulysse et de Pénélope. Au Québec, l’appellation désigne également un groupe pop prometteur au répertoire énergique. Rencontre.
En tant que fleurons de Saint-Jean-sur-Richelieu, les formations Subb, Marmottes Aplaties, Satellite Of June et Capitaine Révolte nous ont longtemps laissé croire que la ville située à 20 kilomètres de Montréal ne pouvait accoucher que de groupes aux allégeances punk. Or, depuis quelques mois, la scène indépendante québécoise voit émerger de Saint-Jean une nouvelle vague de musiciens qui n’ont aucun lien avec l’explosion californienne des années 90. Avec Télémaque, Les Gars d’Michèle (récemment dissous) et les Trompe-l’œil, la diversité musicale de la municipalité n’est plus à mettre en doute.
"C’est vrai que nous avons tous commencé à jouer là-bas, mais la plupart des musiciens de ces nouveaux groupes restent à Montréal depuis déjà un certain temps", observe Éric Patenaude, claviériste, guitariste et chanteur de Télémaque, en concert jeudi à l’Hémisphère Gauche avec Echo Kitty. "Je ne considère même pas que notre groupe est originaire de Saint-Jean tellement Montréal m’a ouvert les oreilles. Je pense entre autres à mon premier coloc, Alexandre Lemieux (un autre ancien résident de Saint-Jean, à l’époque directeur musical de CISM et aujourd’hui producteur de spectacles dans la métropole), qui m’a fait découvrir un paquet de formations."
Cinq ans plus tard, l’évolution de Patenaude peut être entendue sur Superficiel(le), le premier super-maxi (huit chansons) de Télémaque, maintenant en magasin à travers la province grâce à Local Distribution. Formé essentiellement d’Éric et de son ex Marylène Dussault, le duo, épaulé sur scène par quelques musiciens, s’est vite fait remarquer pour sa pièce Une frite (l’amour à la sauce américaine) qui a envahi la programmation des radios indépendantes avec son refrain accrocheur et son ambiance trash-dance-électro proche des Français de Prototypes.
Bien que Télémaque ait vu le jour à Montréal vers la fin de 2002, Éric avoue qu’il traîne la pièce depuis fort longtemps. "Avant de déménager de Saint-Jean, je jouais avec Alexandre Champigny (cerveau des Trompe-l’œil et musicien sur scène avec Télémaque) dans une formation baptisée Yang Transmission. Notre répertoire était constitué de pièces qu’Alexandre reprend encore aujourd’hui et d’Une frite, qui jouissait par contre d’un enrobage plutôt yé-yé. Avec le temps, la composition est devenue plus mordante, et nous ne voulions plus qu’elle figure sur l’album de Télémaque après avoir entendu Danse sur la merde des Prototypes. Avec le recul, je crois qu’on a bien fait de l’endisquer."
Arrivé sixième aux dernières Francouvertes où il donnait ses deux premiers concerts officiels, Télémaque a encore beaucoup à apprendre, mais son principal compositeur entend séduire le Québec avant longtemps. "J’écris présentement le véritable premier disque du groupe, qui, avec le temps, s’éloignera de sa forme duo. Je sais que ce n’est pas une légère commande, mais j’aimerais que l’album ait des allures du Parklife de Blur version québécoise. Je voudrais que nos pièces dressent un portrait du québécois type des années 2000 sur une musique entraînante et rassembleuse. Mon rêve serait que les gens écoutent Télémaque le bras dans les airs, une bière à la main."
Gageons que ce vœu se réalisera jeudi.
Le 19 mai
Avec Echo Kitty
À l’Hémisphère Gauche
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