Festival Suoni per il Popolo : Du pain et des sons
L’éclectique Festival Suoni per il Popolo célèbre ses cinq ans de découvertes musicales et de dépaysements sonores. Coup d’œil sur une programmation éclatée pour mieux s’y retrouver.
Né à la Casa del popolo, organisé par la Société des Arts Libres et Actuels, le festival "des sons pour le peuple" en est déjà à sa cinquième édition. Si l’événement pouvait passer pour un autre "off-festival de jazz" à ses débuts, ce n’est plus guère le cas, sa programmation atteignant des sommets d’éclectisme. On y trouve encore certains grands noms du jazz d’avant-garde, des gens qui ne sont pas souvent invités à Montréal d’ailleurs, comme Peter Brötzman ou Milford Graves, mais on y croise aussi la nouvelle bohème fuzzée du "Mile End adjacent", pitonneux de bruits et improvisateurs en tous genres. Bref, de tout pour tous, en autant qu’on reste ouvert.
Le festival, qui se déroule tout au long du mois de juin, présente trois séries entre différents concerts sans thème spécifique. Dix soirées sont consacrées à des projets "endisqués" par des étiquettes indépendantes d’ici (de Alien8 à No type, en passant par Constellation et Ombù). La Casa del popolo tiendra d’ailleurs une foire d’étiquettes locales le 11 juin de midi à 18 h, un point de vente intéressant pour bon nombre d’artistes d’ici. La série Libératrices: Créatrices veut offrir une place aux femmes sur la scène des musiques improvisées, largement occupée par la gent masculine. Ceux-ci ne sont cependant pas complètement exclus de la série, puisqu’on pourra assister entre autres à une rencontre entre le guitariste montréalais Bernard Falaise et la violoncelliste vancouvéroise Peggy Lee, ou à celle du trio à cordes The Mile End Ladies String Auxilliary avec le violoniste Warren Ellis (Nick Cave & The Bad Seeds).
Enfin, la tenue du colloque Improvising in the Arts/Improvising Between the Arts, organisé par le Project on Improvisation, permet une collaboration avec le département de philosophie de l’Université McGill (hé oui!). Des conférences seront données à l’Université et au Centre canadien d’architecture et des concerts se tiendront à la Sala Rossa, les 3 (Toni Blackman & dj oja), 4 (Wadada Leo Smith) et 5 juin (Amiri Baraka avec Undersound).
Le gros des concerts est cependant hors-série. C’est le Murray St. Band qui ouvrira le bal le 1er juin avec son mélange de jazz et de hip hop. À surveiller par la suite, le Willem Breuker Kollektief (le 9, à la Sala), un véritable cirque d’une douzaine de musiciens qui mélangent allègrement l’humour de vaudeville à une musique d’ensemble d’une rare qualité; autre rareté, le passage dans la région des "parrains du noise", le trio américain Borbetomagus (le 10, à la Casa); pas assez carrée pour être du rock et trop flyée pour être du jazz, la mixture sonore que concoctent ces deux saxophonistes et ce guitariste est à classer parmi les désastres naturels. Le même soir, de l’autre côté de la rue, se produira l’extraordinaire batteur Milford Graves: un sorcier de plus de 60 ans qui joue de la batterie comme trois et que l’on a pu voir arriver à épuiser même John Zorn dans un duo mémorable à Victo il y a quelques années. Autre batteur exceptionnel, Han Bennink, avec le saxo Brodie West (le 14, Sala), et, au même endroit le 22, l’ouragan Peter Brötzmann en duo avec… Sam Shalabi! Bref, une programmation à surveiller. www.casadelpopolo.com
Du 1er au 26 juin
À la Casa del popolo et à la Sala Rossa
Voir calendrier Jazz / Actuelle