Fishbone : Poisson dans l’eau
Après 25 ans de carrière, Fishbone ne peut pas s’offrir de retraite dorée, l’enthousiasme demeure au rendez-vous.
En fusionnant le ska, le funk, le rock et le reggae, et ce dès le début des années 80, Fishbone a ouvert la voie au succès de nombreux groupes aujourd’hui nettement plus connus que la formation californienne. Des Mighty Mighty Bosstones à No Doubt, en passant par Rage Against the Machine, Primus et Sublime, tous ont souligné l’importance de Fishbone, qui marqua les annales du rock indépendant avec son premier album éponyme (1985) et sa pièce Party at Ground Zero, qui dénonçait la guerre froide. Vingt ans plus tard, la bande du charismatique chanteur Angelo Moore existe toujours, l’Amérique a maintenant son véritable Ground Zero, et les États-Unis sont une fois de plus en guerre.
"Depuis que nous avons formé Fishbone en 1979, le monde n’a jamais cessé d’évoluer", remarque le bassiste John Norwood Fisher, qui n’avait que 14 ans à l’époque. "La technologie a tout changé à l’exception d’une chose: la bêtise humaine."
Bien installé dans son véhicule motorisé stationné à Washington DC, où le groupe se produira le soir même, John fait le point sur la carrière de Fishbone. Une aventure sans véritable envol, comme celle des Red Hot Chili Peppers, qui exploitaient sensiblement les mêmes courants musicaux à la même époque. À preuve, la formation s’amène à Montréal cette semaine pour jouer en première partie des jeunes Slightly Stoopid. "Bien sûr, ça fait environ 25 ans que nous faisons ce métier et nous n’avons toujours pas l’argent pour nous acheter un vrai autobus de tournée, mais si nous n’éprouvions plus de plaisir, je ne serais pas au téléphone avec toi aujourd’hui" remarque John, seul membre originel du groupe, à l’exception d’Angelo. "Ce sont les fans qui, soir après soir, nous donnent notre énergie. La reconnaissance offerte par de nombreux musiciens nous encourage également." En 1994, Porno for Pyros, Alice in Chains, Primus et Tool organisèrent d’ailleurs un concert-bénéfice pour payer les avocats du bassiste, qui, sans le sou, s’était fait accuser à tort d’avoir kidnappé un ami atteint de maladie mentale.
Malgré les déceptions et les obstacles relatifs à l’industrie, Fishbone persiste et lancera le 31 mai un album / DVD enregistré lors d’un concert à Amsterdam. "Le disque ne contient pas énormément de nouvelles chansons, mais, comme les concerts que nous donnons lors de notre présente tournée, il effectue un bon survol de notre imposant répertoire. De plus, l’atmosphère de cette soirée était particulière prenante. Fishbone a toujours connu plus de succès en Europe qu’en Amérique."
Justement, lors d’une tournée française effectuée en mars dernier, le groupe s’est fait copain avec Arseniq 33, qui, également en voyage sur le vieux continent, a accompagné la formation lors de quelques spectacles. "Arseniq "thirty-three", yeah! C’est devenu un de mes groupes favoris! Ce serait bien s’ils pouvaient venir à notre concert pour nous dire bonjour… Tu peux leur transmettre le message?"
Voilà qui est fait.
Le 28 mai
Au Club Soda
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