Electrelane : Électrons libres
Musique

Electrelane : Électrons libres

Electrelane revient à la charge avec son troisième album s’éloignant de la formule gagnante du dernier The Power Out. Vision d’un groupe pas près de se répéter.

Lors du mini-tourbillon médiatique suscité par le deuxième album d’Electrelane, The Power Out, la guitariste du quatuor féminin, Mia Clarke, prévenait déjà les fans de la formation en août dernier: "Notre prochain compact captera l’énergie que nous développons en concert. Il sera plus explosif."

Chose promise, chose due. En décembre dernier, le groupe quittait son Brighton natal pour se rendre à Chicago afin d’enregistrer live dans la tanière du réputé Steve Albini (aussi réalisateur de The Power Out). "Pour recréer l’esprit de concert, au lieu d’isoler la batterie dans un cubicule comme la dernière fois, nous avons fait la prise de son les quatre musiciennes dans la même pièce, explique la claviériste, guitariste et parfois chanteuse du combo, Verity Susman. Lors de la première prise, nous avons joué l’album de A à Z, conservant sur le vif trois des treize pièces qui se retrouvent sur Axes."

Avec ses compositions torturées aux multiples changements d’ambiances, comme Business or Otherwise qui rappelle certains moments plus expérimentaux de la carrière de Sonic Youth, la musicienne de 26 ans soutient que ce procédé d’enregistrement était essentiel à l’élaboration d’Axes. "Avec les innombrables concerts que nous avons donnés en 2004, le groupe s’est doté d’un système de communication qui nous permet sur scène de nous aventurer dans des structures de pièces complexes tout en retombant sur nos pieds. Ce même langage non verbal nous a servies lors des séances studio."

S’éloignant considérablement de la formule pop de The Power Out qui a attiré les yeux de la presse sur Electrelane, le résultat s’avère moins accessible et plus kraut rock (Can, Neu!). Si l’on comparait jadis la troupe à Stereolab ou à Broadcast, la nouvelle mouture se veut plus agressive. Un constat particulièrement frappant dans la deuxième moitié du compact, qui, beaucoup plus rude et introspective, s’éloigne du cadre mélodique des premières pièces. "Il est vrai que nous aurions pu conserver une approche plus traditionnelle, comme sur The Power Out qui fut notre plus grand succès, mais nous ne sommes pas confortables avec ce type de compositions conventionnelles. Notre premier disque (Rock It to the Moon) était instrumental et nous avions envie de revenir à des pièces où la voix n’est pas la mélodie dominante."

Bien sûr, des titres comme Bells et Two for Joy, qui s’appuient autant sur des guitares aux distorsions saturées que sur la voix de Verity, nous replongent dans l’univers plus aéré de The Power Out. Reste que les filles d’Electrelane se veulent maintenant plus mordantes, comme le prouve The Partisan, une excellente et furieuse reprise de Leonard Cohen. "Nous avons ajouté la pièce à notre répertoire lors de notre tournée aux États-Unis, au cours de la dernière campagne électorale. Afin de rallier les troupes démocrates, The Partisan était notre protest song à nous. L’engouement anti-Bush qui régnait alors nous laissait espérer une victoire des Démocrates, mais non. Je peux par contre garantir qu’il n’y avait pas beaucoup de Républicains à nos concerts!"

Le 7 juin
À la Sala Rossa
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