Le Festival international de jazz de Montréal : Jazzez-moi
Musique

Le Festival international de jazz de Montréal : Jazzez-moi

La 26e présentation du Festival international de jazz de Montréal permettra à nouveau aux amateurs de jazz de découvrir des créateurs majeurs aux registres  variés.

Pour plusieurs, les concerts sur les scènes extérieures constituent, avec raison, une fête en soi. Cependant, l’essentiel du Festival se retrouve en salle. La présente édition ramène un certain nombre de valeurs sûres, des habitués de l’événement, des enfants chéris des amateurs tels Pat Metheny, Bobby McFerrin, Enrico Rava. La programmation en salle se développe en 14 séries et présente une grande cohérence. Aussi sera-t-il bon de compulser la grille par séries, en bon petit festivalier, à la recherche de moments forts, de coups de cœur, en laissant de côté certains musiciens qui n’ont plus besoin de présentation.

– Les Grands Concerts. Trio! Stanley Clarke/Béla Fleck/Jean-Luc Ponty. Concert exemplaire pour tous les fans de jazz fusion ou de rock progressif, de lyrisme et de virtuosité. Prestation acoustique. Le contrebassiste est phénoménal. Fleck est au banjo ce que DiMeola est à la guitare. Un must parmi tous les festivals de l’été. Dave Holland Big Band: le passage du musicien en quintette à l’automne a donné un aperçu de l’évolution de sa musique. Celle-ci prend une dimension insoupçonnée en grand orchestre. Charlie Haden/Gonzalo Rubalcaba: Land of the Sun, un hommage au compositeur mexicain Jose Sabre-Marroquin. Musique d’un lyrisme exceptionnel.

– Les Couleurs. Cette année, la série est consacrée notamment au blues. Harry Manx/Xavier Rudd: programme double inespéré réunissant deux maîtres du blues acoustique et de la guitare slide, passés en coup de vent durant l’année. Les amateurs de Kelly Joe Phelps et de Ben Harper apprécieront.

– Jazz d’ici. Le saxophoniste Rémi Bolduc (que plusieurs amateurs d’alto ont encore à découvrir) et son album Cote d’écoute, un clin d’œil aux merveilleux thèmes d’émissions pour enfants de la fin des années 50, pour plusieurs écrits par Herbert Ruff, comme Franfreluche, Bobino, La Ribouldingue.

Jolie Holland Photo: Kate Kunath

Un des plus beaux disques de l’histoire du jazz québécois. Bernard Primeau a connu l’aventure des cordes avec le Quatuor Pilon pour produire l’un de ses meilleurs albums, Evolution. Cette fois-ci, il en remet et pousse plus loin en effectuant une rencontre avec Les Violons du Roy, à l’occasion du 20e anniversaire des deux ensembles. La rencontre entre le violoncelliste Eric Longsworth et Sylvain Luc (l’un des guitaristes les plus doués de l’actuelle génération) promet aussi de beaux moments.

Voix du monde. Une série toujours appréciée. Vous découvrirez avec plaisir la voix de Victoria Tolstoy, qui a réalisé, il y a deux ans, un très beau disque consacré à des mélodies du pianiste Esbjorn Svenson, leader du trio EST. Jolie Holland: l’un des plus beaux talents apparus ces dernières années tous genres confondus. Elle s’inscrit dans le country blues et peut rappeler Lucinda Williams. Si vous pleurez parce qu’il ne reste plus de billets pour Madeleine Peyroux, consolez-vous puisque Jolie Holland fait encore mieux les chansons des années! À ne rater sous aucun prétexte.

Invitation. La série Carte blanche est offerte au maître du tabla, Zakir Hussein, que nous retrouverons dans différents contextes: musique indienne classique (avec le maître du sarangui, Sultan Khan), musique indienne contemporaine (avec les maîtres percussionnistes Selva Ganesh et Bhayani Shankar), fusion musique indienne et jazz (un soir avec Charles Lloyd et Eric Harland, un autre avec le grand complice des années Shakti, le guitariste John McLauglin).

Mark Knopfler

Pleins Feux. Un des incontournables de cette série est le guitariste Mark Knopfler, ex-leader du groupe Dire Straits, l’un des guitaristes les plus singuliers de l’histoire du rock.

Jazz contemporain. Tom Postgate Horn Band (le leader est guitariste et il a pour invité spécial le maître historique du tuba, Howard Johnson), Queen Mab Trio (avec la pianiste torontoise Marilyn Lerner, spécialiste de klezmer) et Steve Swell (virtuose du trombone) retiennent l’attention.

Rythmes. Pour les amateurs de gospel, le programme double Blind Boys Of Alabama et Mavis Staples risque de faire événement.

Jazz beat. À ne pas rater: Randy Weston’s African Rythms Trio (l’un des pianistes afro-américains les plus importants de l’histoire, l’un des premiers à avoir fait le pont entre le hard bop et la musique africaine), Pat Metheny and Friends: Fresh Encounters (le guitariste avec des musiciens qu’il adore tels Meshell Ndgeocello et Scott Colley) et le trompettiste Terence Blanchard (son dernier disque, Flow, a été produit par Herbie Hancock et est encensé par la critique).

Jazz dans la nuit. Pour les jazzophiles aguerris, sans doute la série de choix. Soirée de piano acoustique solo avec Fred Hersch (le mentor de bien des pianistes québécois) et Bobo Stenson. Geri Allen Trio: sans doute la femme pianiste la plus géniale (à ne rater sous aucune considération). Bill Charlap Trio: le pianiste fait une relecture intéressante de Gershwin et de Bernstein. Odean Pope Saxophone Choir: saxo ténor robuste révélé chez Max Roach, il conduit l’un des ensembles de souffleurs les plus pertinents du moment. Paolo Fresu Paf Trio: le brillant trompettiste italien sera entouré de Antonello Salis (piano, accordéon) et de Furio Di Castri, le plus grand contrebassiste italien. 89/81 Revisited: Pat Metheny/Dewey Redman (avec Matt Wilson à la batterie) et Pat Metheny/Mike Goodrick (guitariste qui a précédé le prodige chez Burton et qui fut son mentor dans les années Berkekee).

Festival International de Jazz de Montréal
Du 30 juin au 10 juillet