UV 2005
Musique

UV 2005

Tournée de ce qui, en musique du monde, parfumera l’hémisphère cet été.

D’abord, le samedi 4 juin au Swimming, la Maine vole la vedette et reçoit pour la première fois Oojami, une formation hétéroclite et drôlement allumée. Sous le thème "Tu n’es personne si tu n’es pas libre et ta liberté c’est ton identité", le musicien turc Necmi Calvi, basé en Angleterre, profane allègrement la musique soufie avec des beats sortis des profondeurs de l’underground londonien. Croyez-moi, le monde devient drôlement petit quand le dancehall fornique avec le baladi. Mais la transe et l’extase étant les buts avoués de l’humanité, on comprend vite l’intérêt qu’ont suscité les deux disques d’Oojami, Bellydancing Breakbeats et le petit dernier Urban Dervish, qui montre combien on peut être à la fois iconoclaste et irrésistible. Le show inclut obligatoirement des machines mais aussi des musiciens, un vrai derviche et des danseuses du ventre. Et aux blasés qui pensent avoir tout entendu, juste à leur dire que ce truc-là m’a l’air d’aller ailleurs ou plus loin que Talvin Singh ou Groove alla Turca. Le tout devrait donner une expérience assez hallucinante et, surtout, une saveur nouvelle dans notre palette.

Autre événement, mais gratis dans la rue, c’est la venue à Montréal du groupe Sakésho.

Ça n’a l’air de rien, un quatuor de world jazz à hauteur d’homme, un lundi soir rue Jeanne-Mance, mais ces quatre mousquetaires sont des dangers publics. D’abord, l’Américain Andy Narrell, qui est comme un champion du monde en titre de cet étrange instrument qu’est le steel pan (vous n’en croirez pas vos yeux et vos oreilles!). Et attention aux trois Antillais qui l’accompagnent. Michel Alibo, un bassiste irrésistible, est déjà venu ici dans les années 90 avec Sixun et Jean-Philippe Fanfant, un batteur irremplaçable, était passé au Spectrum avec Lavilliers il y a deux ans. Cet événement, toutefois, c’est surtout l’occasion unique d’applaudir le pianiste martiniquais Mario Canonge, qui mettra peut-être les pieds au Festival international de jazz de Montréal pour la première fois, ce qui réparerait une espèce d’injustice. La dernière fois que je l’ai vu, c’était au Balattou en 93 avec Acoustic Zouk, c’est tout dire. Depuis, Canonge est devenu un véritable chef de cordée du piano dans la Caraïbe avec une discographie importante, tant en son nom propre qu’avec ses projets parallèles comme celui-ci. Rendez-vous le 4 juillet. Attachez vos chapeaux de paille!

Autrement, les Nuits d’Afrique ont annoncé le retour en salle de "Tuku", Oliver Mtukudzi, en avant-première du festival de cette année. Ce formidable musicien – l’autre géant du Zimbabwe, à mon humble avis – avait paraît-il remué la place Émilie-Gamelin en 2003, et les organisateurs considèrent que c’était là une de leurs plus belles réussites depuis une vingtaine d’années. Pas étonnant: personne ne peut être insensible à cette musique tellement vraie, qui vient des tripes, qui vient de loin. Et la voix de Tuku est celle d’un sage qui aurait mille ans. Pour se faire bercer.

Pour finir, ceux qui ont raté le spectacle Tango Flamenco à L’Outremont l’hiver dernier n’auront aucune excuse cette année, car la troupe ne présente pas moins d’une douzaine de représentations sur la grande scène de Jean-Duceppe. Rendez-vous à la Place des Arts à partir du 29 juin.