Caesars : Rendez aux Caesars…
…ce qui appartient aux Caesars: le groupe suédois a bien plus qu’une chanson iPodée à offrir.
Dans une entrevue qu’il accordait récemment au quotidien USA Today, Joakim Ahlund déplorait le fait que le rock moderne soit devenu un vulgaire produit. Le guitariste des Caesars doit parler en connaissance de cause: son groupe n’a-t-il pas accepté de "prêter" une de ses chansons, l’infectieuse Jerk It Out, aux gens d’Apple pour les fins d’une pub? L’ironie de la chose n’échappe pas à Ahlund. De nos jours, "même le rock underground est devenu commercial, concède-t-il. Cela dit, en profitant de tribunes comme la radio, cette musique est entendue par un plus grand public. Par contre, en profitant d’une diffusion plus large, elle acquiert un statut commercial". Bref, on ne s’en sort pas.
On pourrait débattre longtemps de ces considérations mercantiles. Ce serait oublier l’essentiel: avant d’être "découverts" par le truchement d’un spot accrocheur, les Caesars roulaient leur bosse depuis déjà 10 ans. Chez lui, en Suède, le quatuor jouit d’un taux de popularité appréciable. "Nous ne sommes peut-être pas des méga-vedettes, admet Ahlund, mais nos disques ont été certifiés or et nous remplissons les salles où nous jouons. On se débrouille bien, quoi."
Et ailleurs? Y a-t-il des marchés plus accueillants que d’autres? "Le Japon, répond le musicien, qui remarque que le rapport des Nippons au rock relève presque du fanatisme. Sinon, l’Allemagne nous aime bien. Après certains shows qui affichaient complet, on a vu des fans allemands faire la file pendant des heures pour obtenir un autographe." Quand même…
LE MÉLANGE DES GENRES
Adeptes du copier-coller, les Caesars défendent une conception du rock qu’on qualifiera de postmoderne: empruntant à gauche et à droite, le groupe croise les influences, fait se toucher des fils, mais excelle aussi à brouiller les pistes. "Notre musique est le produit d’influences assez éclectiques, confirme Joakim Ahlund. On chipe, mais on ne vole pas. Pas question de calquer. En mélangeant plein de trucs, on évite de se faire cataloguer. Notre son n’est certainement pas unidimensionnel."
Chez d’autres, cette polyvalence sonore pourrait passer pour de l’éparpillement. Chez les Caesars, non. Les sources d’inspiration revendiquées par Ahlund couvrent un large éventail – vieux disques dub-reggae, kraut-rock des années 70, rock sauvage façon Stooges -, mais sont adroitement assimilées. Percent quand même quelques traces de rock garage sixties – ah! ce bon vieil orgue Farfisa -, qui rapprochent le groupe de ses contemporains.
Ainsi, les Caesars se réclament de la féconde scène rock suédoise qui a révélé The Soundtrack of Our Lives et The Hives, pour ne nommer que ceux-là. "Ce sont les plus connus, mais il y a tout plein d’autres bons bands qui montent. Et pas seulement en rock. Connaissez-vous The Knife, comme dans "couteau"? C’est un duo qui fait dans l’électronique. Le mec s’occupe des beats, sa frangine chante. C’est très bien."
Assurément, la scène underground se porte à merveille en Suède, ce bizarre de petit pays chevillé au pôle Nord. Pour cela, rendez aux Caesars et à leurs semblables le crédit qui leur revient.
Le 12 juin
Au Cabaret
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