Jamiroquai : Une bombe dans les bacs
Musique

Jamiroquai : Une bombe dans les bacs

Le nouveau Jamiroquai, Dynamite, sera lancé cette semaine et il porte vraiment bien son nom. Du coup, nous avons voulu savoir si les propos de Jamiroquai étaient aussi explosifs que sa musique. Rendez-vous à Paris avec Dereck Mc Kenzie.

Vous avez intitulé votre album

Dynamite, un titre explosif, alors que l’image du chanteur est déjà assez sulfureuse… Est-ce un choix délibéré?

"Non, pas particulièrement. Cependant, nous avons conscience de la relation de cause à effet que cela peut induire. De toute façon, tu peux dire, écrire ou chanter ce que tu voudras, cela n’empêchera jamais les gens de penser ou de dire ce qu’ils veulent à ton sujet. J’ai longtemps voulu vivre une existence dont j’ai toujours rêvé et c’est précisément ce que je fais. Il y a qui je suis véritablement et l’image que je renvoie, la façon dont les autres me perçoivent. Peu de gens s’intéressent au bourreau de travail que nous pouvons être et au professionnalisme dont nous faisons preuve pour ne jamais décevoir les fans, préférant se fier à l’image, plus racoleuse, qui sert à faire vendre encore plus de journaux. Maintenant, si les gens veulent vraiment savoir qui je suis, ils n’ont qu’à venir me voir sur scène."

Pensez-vous que l’image que vous véhiculez soit positive pour les jeunes qui aiment vos chansons?

"Cela dépend à laquelle tu fais allusion. Nous sommes restés des amoureux de la vie et nous ne voulons absolument pas perdre notre intégrité ni notre âme, dans la vie comme dans notre métier. Lorsque nous avons décidé de former ce groupe, nous avions nos rêves et ce sont justement ceux-là qui nous ont permis d’obtenir ce que nous avons aujourd’hui. À partir de là, je crois que nos choix professionnels se sont révélés justes et parfaits. J’ai toujours dit qu’il fallait croire en soi et donc se donner les moyens nécessaires pour parvenir à vivre ses rêves. Il faut croire en soi car personne ne le fera à notre place. La seule recette du succès est le travail et le dépassement de soi. Si tu ne crois pas en toi, tu ne pourras pas aller au bout de tes rêves."

La vie a-t-elle été indulgente avec vous?

"Il ne faut pas confondre notre métier et notre vie privée. En musique, nous sommes des musiciens comblés et nous avons travaillé pour obtenir ce que nous avons. Nous l’avons gagné grâce à notre talent et à notre travail. Toutefois, sans l’un des deux, nous n’en serions pas là. Ensuite, dans la vie privée, comme tout le monde, chacun vit des hauts et des bas. Nous traversons tous des périodes plus ou moins difficiles. C’est aussi cela, le chemin qui mène au bonheur."

Cela veut dire que tu ne regrettes rien?

"Absolument. J’avoue que je me sens comblé. J’ai toujours prétendu qu’il fallait rester fier de ses décisions et de ses actes, les assumer. Ce sont bien souvent ceux-ci qui nous ouvrent les portes des événements futurs de notre existence. Grâce aux choix que nous avons faits et aux décisions que nous avons prises, nous disposons d’une réelle liberté artistique qui nous permet de faire la musique que nous aimons et celle qui nous a toujours fait vibrer."

Quelle est la chose qui vous ennuie le plus dans la popularité?

"Nous faisons vraiment la part des choses entre les deux mondes, la vie publique et celle qui doit rester privée. Les médias ne veulent pas comprendre que nous puissions aussi avoir droit au respect de notre vie privée. Tu n’imagines pas un employé de banque qui, hors de ses heures de travail, vive la même pression que nous dans sa vie privée. S’il décide de faire la fête pour célébrer une quelconque heureuse nouvelle, il n’aura pas à ses trousses une kyrielle de photographes qui afficheront le résultat de la soirée sur les murs de la compagnie qui l’emploie. Lui a droit à sa vie, il peut s’offrir ce qu’il veut et s’autoriser quelques dérapages s’il le désire. Nous, dès que nous dérapons, une multitude de paparazzis apparaissent comme par magie pour rendre compte de tous nos faits et gestes à la Terre entière. Je trouve cela parfaitement injuste. En matière de vie privée, je voudrais que l’on inscrive tout le monde à la même enseigne et que l’on respecte, ou non, celle de tout un chacun."

Que pensez-vous de Dynamite, votre nouveau disque?

"Nous l’avons beaucoup travaillé en répétition, du coup il me semble bien plus abouti et plaisant. Entre nous, il n’existe aucune rivalité, ni suspicion de quelque nature que ce soit, cela rend notre travail bien plus efficace. Nous nous connaissons par cœur et cela nous permet d’aller plus vite à l’essentiel sans jamais s’encombrer avec des tas de conneries."

Il n’existe jamais de compromis artistique?

"Non, nous cherchons à servir notre musique, donc à ne pas nous regarder le nombril. En période de création, lorsque nous conservons une idée, c’est qu’elle a été approuvée par tous, qu’elle a été testée et que nous savons qu’elle se révèle la meilleure que nous ayons trouvée. Du coup, cet opus ne peut que refléter ce que nous sommes, nous plaire, et nous le revendiquons comme étant notre meilleur album à ce jour."

Cela signifie que les précédents se révèlent moins bons?

"Non, ils demeurent tous différents et correspondent chacun à une période passée. Nous les revendiquons tous, mais c’est comme tout ce que tu peux vivre dans la vie: ce qui vient de t’arriver est toujours plus excitant que les meilleurs moments de ton passé…"

Donc, si nous suivons votre raisonnement, Dynamite serait bien moins bon que votre prochain disque?

"D’abord, qui te dit qu’il y en aura un autre? Ensuite, même si je voulais en faire d’autres, qui te dit que je serais toujours en bonne santé pour continuer à exercer mon métier? Enfin, qui te dit que je ne voudrais pas faire autre chose ou explorer d’autres univers musicaux? Autant de questions qui nous obligent à vivre le moment présent et non à spéculer sur l’avenir qui, par définition, reste toujours hypothétique. Dont acte!"

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