La St-Jean selon… Pépé, Mononc’ Serge, Henri Band, Vincent Caza
Y fait beau!
par Pépé
L’été, c’est tous les bons moments à l’extérieur
Que ce soit un méga-événement
Un show sur la galerie, un BBQ
Ou un feu sur le bord de l’eau avec ses chums
C’est le bonheur de passer la journée
Et la nuit dehors
En gros, c’est ça!
Bon été tout le monde!
Y fait beau y fait chaud
Le soleil m’émerveille
Vive les abeilles
Le vent chaud me caresse la peau
Une abeille qui zézeille essaie de m’piquer l’orteil
Mais toi c’est pas pareil
Tu dis que toi la veille
Ton cœur était dans l’eau
Mais moi j’te dis réveille
Et regarde moi ce soleil
C’est pas demain la veille que t’en verras un pareil
Et aussi beau et pour ce qui est de l’eau
J’vais la boire moi j’ai chaud
Y fait beau y fait chaud
J’aime la lune qui t’allume qui consume dans sa brume
Te voilà, toi ma joie
Je m’assois près de toi
Tu es douce comme une soie
Wohhhh! Y fait beau y fait chaud
ooo
La Saint-Jean à deux vitesses
par Mononc’ Serge
Esquif le plus exquis, le plus extravagant
Que la marina de Repentigny héberge
Il rutile au soleil, hautain contre les berges
L’immense et arrogant yacht des Cowboys Fringants
À l’intérieur nos cinq Crésus de la Rive-Nord
Abrutis de caviar, d’escortes et de poudre
Eux qui ont tant d’argent, s’acharnent à résoudre
Cet épineux problème: comment en faire encore
L’un des nababs s’écrie: "J’ai une idée géniale!
Puisque la gratuité est un anachronisme
Faisons payer nos fans pour leur patriotisme
Faisons nos choux gras de la Fête Nationale
Il faut que les Saint-Jean trop socialistes cessent
Donc, moins de fleurs de lys, plus de signes de piastres
Le vieux Vigneault ennuie, il est temps qu’on remplace
Sa voix éraillée par le tintement des caisses
Offrons à ceux qui sont en moyens une fête
Digne de leur pécule et gardons-nous à saine
Distance de ces gens qui n’ont pas une cenne
Oui, abandonnons la plèbe à Normand Brathwaite"
Sceptique, un des Cowboys à haute voix s’inquiète:
"Mais le 24 juin, avec tous ces spectacles
Gratuits un peu partout risque-t-on la débâcle?
La faillite et la ruine? L’opprobre? La disette?"
On lui répond: "Voyons, l’affaire est dans la poche!
Le peuple à nos genoux ouvrira ses goussets
Et la fête sera un éclatant succès
Qui fera se gonfler nos cœurs et nos sacoches!"
"Hourra!" explose alors l’affreux quintette en liesse
Et on les entendit plus loin que Charlemagne
Toute la nuit fêter sous un flot de champagne
La naissance de la Saint-Jean à deux vitesses
ooo
Moi, Henri pis les autres
par Robière Saoûlmort, Henri Band
Je m’en souviens… comme si c’était hier. Il tombait des clous. J’étais arrivé de bonne heure avec Henri, chacun sa caisse de 24 sur l’épaule. On s’en promettait toute une B.R.O.S.E. On a trouvé refuge sous la scène; trois wagons à foin, protégés par une toile bleue en plastique. On est à l’été 1989. Ce soir, c’est la Saint-Jean-Baptiste au Domaine familial de Saint-André-Est.
À cette époque, j’organise des galas de lutte à la campagne. À vrai dire, des beuveries monumentales, bières open avec hot-dogs et spectacles de lutteurs plus ou moins soûls. Je cherchais un orchestre, un band pour animer la soirée. Sans trop savoir, j’en jase avec Henri. Une petite idée nous trotte derrière la tête. On se part un groupe de musique.
Sur le site, c’est l’averse totale. Ça pleut comme ça se peut pas. Le show est reporté. Nous autres, on est resté. Une vingtaine de bums. On a chanté, on a bu, on a rigolé. On s’est fait notre Saint-Jean à nous autres. Dans l’intimité, là où ça se passe. Là où les révolutions commencent. On s’est parlé d’indépendance, de liberté, d’égalité, de fraternité. Du pays de nos rêves. Dans tout ça, Henri pis moi, on s’est trouvé une cause, notre cause. On a formé Henri Band.
Ah oui! que j’m’en souviens… comme si c’était hier.
Bonne Saint-Jean-Baptiste!
par Vincent Caza
Ce soir, je reviens d’une rencontre avec une jeune femme qui doit préparer un oral qui a pour sujet: moi. Malgré la timidité apparente de l’étudiante, je pouvais distinguer sa joie de m’interroger sur ce qui la rend heureuse: mes chansons. Je n’ai pas l’intention ni la prétention de déplacer les masses et les montagnes et j’en suis bien content. Quelle que soit la chanson, elle est composée pour apporter un brin de bonheur, un peu de nostalgie ou bien pour nous botter le cul quand nous sommes écœurés de lécher l’asphalte. Elle est de tous les moments, elle s’infiltre dans une partie du cerveau pour parfois ne jamais en sortir. Cependant, l’air d’une chanson peut être insupportable, nous trotter dans la tête et jamais nous arrivons à nous en débarrasser, comme le smog au-dessus de la ville. Une toune a sa raison d’être dès qu’elle apporte une émotion à une personne, quelle qu’elle soit. Le processus est plus important que le résultat. La musique est venue à moi comme je suppose les outils à un mécanicien. Je peux bien le faire et je veux le faire. J’en ai assez de tous ces gens (et des fois j’en fait partie) qui dénigrent telle ou telle chanson. Ces supposés mélomanes crachent leur venin noir assis dans leur bureau ou autour d’une bière et prétendent savoir ce qui est une bonne chanson!
J’ai erré dans des jobs minables, qui ne me ressemblaient pas, sans jamais toucher à ma guitare pendant deux ans. Pour le plaisir, mon ami Louis et moi avons composé sans jamais penser endisquer la moindre note. Ces chansonnettes sans prétention, qui me ressemblent, ont plu à quelques gens.
En cette fête nationale, chaque groupe a sa place, chacun sa fonction, mais ils ont tous un but commun: l’avenir du Québec. En attendant, je continue mon chemin en faisant mes chansons, elles vont faire rire certains, d’autres les trouveront pathétiques et moi là-dedans!?!
Bonne Saint-Jean-Baptiste!