Xiu Xiu : Les quatre vérités
Musique

Xiu Xiu : Les quatre vérités

Xiu Xiu n’emprunte aucun détour. Aveux dégoulinants, sexualité explicite, apostrophes crûment directes, déni des tabous… Chaque mot, chaque note s’inspire de la vraie vie. La vie rêvée de Jamie Stewart et ses naufragés.

Comme plusieurs artistes, les membres de Xiu Xiu espèrent susciter n’importe quelle réaction autre que l’indifférence. Adorez ou détestez, mais toute apathie du public sera perçue tel un échec par ces singuliers créateurs. Tant au niveau musical que textuel, Xiu Xiu interpelle par sa folie et sa douleur, émeut par son plein abandon et sa déchirante authenticité. Murmurés sur d’oniriques et minimales constructions acoustiques ou s’accouplant avec hystérie aux denses et ténébreuses orchestrations technoïdes, les mots s’échappent sans aucune retenue. "Toutes les chansons traitent de choses qui se passent dans la vie de quelqu’un du groupe, dans nos familles ou dans notre entourage", note le chanteur, auteur et multi-instrumentiste Jamie Stewart. "Nous souhaitons parler le plus naturellement et clairement possible de nos réactions face à ces choses…" Catharsis constructive, autant que possible. "Des fois, mais pas toujours", dirait Urbain Desbois. "Malheureusement, pour les humains, la douleur semble être l’émotion la plus durable et la plus intense; celle dont on se souvient le mieux…"

Issu de la Côte-Ouest états-unienne, le groupe formé en 2000 tire son nom du film pas du tout pour tous Xiu Xiu, The Sent Down Girl (Joan Chen, 1999). "À ce moment-là, nos vies étaient un merdier total et on se questionnait beaucoup sur les manières possibles de réparer tout ça", explique Stewart, qui sera entouré lors de la présente tournée de ses complices Cory McCulloch et Caralee McElroy. "Le personnage du film prend beaucoup de décisions rudes et désespérées, il panique en voyant sa situation dépérir sans cesse. Et ces décisions ne l’aident pas du tout, ce que nous ressentions aussi. Ce film nous a beaucoup rejoints à l’époque…" Décès, arrestations, drogue, démence, bagarres, dépression, suicide et maladie: autant de délicates réalités abordées de plein fouet, jusqu’au plus récent disque du groupe, Fabulous Muscles (5 Rue Christine, 2004). Car sur le prochain recueil La Forêt, qui paraîtra le 12 juillet, les thèmes ratissés s’étendront davantage au monde extérieur, rejoignant l’esprit du morceau Support Our Troops, Oh!, grain de sel plus que mordant sur la guerre en Irak. S’adressant directement à un soldat: "Ne savais-tu pas que tu allais tuer une fille de 4 ans d’une balle dans la tête? Voir l’intérieur de son crâne et de sa gorge? Et que son père te dirait: "S’il vous plaît, Monsieur, je peux emmener son corps à la maison?" Oh! Attends; tu le savais bien… Pourquoi m’en ferais-je si tu meurs?" Cœurs sensibles, s’abstenir.

Avec une "quantité obscène d’équipement" dont deux harmoniums, deux claviers, une tonne d’amplis, une autoharpe, une mandoline, des guitares, percussions et plusieurs bidules électroniques, Stewart est impatient de renouer avec la formule trio, expérimentée il y a bien des lunes. "Et j’aime beaucoup jouer avec ces deux musiciens en particulier. Leur motivation à jouer est très honnête et très pure émotionnellement. L’idée de donner l’emporte sur tout le reste. J’ai beaucoup appris avec eux…"

Le jeudi 23 juin avec This Song Is a Mess But So Am I
À la Sala Rossa

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