Pierre Lapointe : Pierre précieuse
Pierre Lapointe nous parle de son été, de ce qui le fait pleurer, effectue un rapide retour à ses racines et nous émeut encore!
GRAND PIERRE
En janvier 2001, c’est nul autre que Pierre Lapointe qui cassait la glace sur la première page de la première édition du Voir Outaouais. Pieds nus, en costard et avec dans le baluchon un simple démo, il avait déjà attiré l’attention avec ses longues tirades mélancoliques et son dédaigneux personnage. Il disait alors "prôner l’incohérence, l’absurdité et le chaos". Déjà fort dégourdi en entrevue, le jeune rebelle faisait état de sa conscience de jeune âme torturée qui évoluait dans la marge.
Après les prix reçus à Tout nouveau, tout show et à Granby, on le savait parti vers la Grande Métropole, mais un calme plat a précédé la sortie de son premier album, que la critique a assommé d’éloges. Et depuis, c’est lancé, comme l’avaient prédit ses fans dans la région: Petit Pierre est devenu Grand Pierre. "Je dois désormais accepter mon statut de star, lance-t-il, le rire dans la voix. Je ne suis pas toujours à l’aise avec cela, mais je me réjouis que mon album ait fait ce chemin sans la radio et que mon public soit aussi diversifié."
Son premier album a récemment été couronné d’or (50 000 copies vendues) et son spectacle La Forêt des mal-aimés a trouvé preneurs partout en province, en faisant salle comble à plusieurs reprises. Seules deux représentations de ce spectacle seront données cet été: à Saint-André-Avellin et à Matane.
PETIT PIERRE
Natif d’Alma, l’auteur-compositeur-interprète, fort attaché à ses racines, a grandi en Outaouais, arrivant de l’Abitibi à l’âge de trois ans. "L’Outaouais a été une place extraordinaire pour commencer parce que le milieu est à la fois petit et très grand. Je pense que ça s’est amélioré dans la région depuis 10 ans et j’en ai profité! Je pense que la mentalité des gens a changé, c’était beaucoup plus frileux avant, plus anglophone", dit-il, navré.
Ayant la fibre artistique dès le secondaire, le jeune pianiste touche-à-tout ne manquait pas une manifestation culturelle dans la région. "Étant étudiant, j’allais à tous les spectacles, je voulais pleurer tellement j’étais heureux de voir tout ça! J’y allais une fois par semaine, souvent seul, parce que pour mes amis, l’argent ou l’intérêt n’étaient pas nécessairement au rendez-vous. C’est ce qui m’a permis de former mon œil pour les spectacles. Quand on en a vu pas mal, on sait ce qui nous emmerde et ce qu’on aime, on finit par être très critique et exigeant."
Pierre Lapointe, qui se produira à la Salle Odyssée en novembre prochain, se rappelle sans difficulté d’un été, entre ses 4e et 5e secondaires, où il était concierge à cet endroit et passait ses week-ends à laver les planchers, s’interrompant pour pianoter un peu sur le grand instrument à queue. Une histoire digne de Cendrillon. "Toute ma vie, j’ai eu des histoires avec des salles de spectacle", se rappelle-t-il en se lançant sur une anecdote survenue dans une salle d’Alma: sa mère, enceinte de lui, y a ressenti sa première contraction en regardant sa sœur dans un spectacle de ballet. "Je naissais six heures plus tard! Ça m’a fait un buzz étrange de me produire dans cette salle."
Dans son élan de souvenirs nostalgiques, Pierre Lapointe raconte comment il n’y a pas que sa musique qui soit mélancolique. "En fait, il y a comme deux Pierre. Il y a le Pierre qui écrit et le Pierre dans la vie. Ce dernier ne parle jamais de création à ses amis. Mes parents ne m’avaient jamais entendu chanter et m’entendaient rarement jouer du piano puisque j’attendais toujours qu’ils partent. C’était très personnel à ce moment-là. Souvent, les gens viennent me parler après les shows puis ils pensent parler à un grand poète, ils essaient d’avoir l’air bien intenses, "ah, la poésie…" Mais moi, une soirée de poésie, ça m’emmerde complètement! C’est terriblement plate! Avec moi, il faut que ce soit plaisant, que ce soit drôle! Mais le Pierre Lapointe à l’intérieur de moi est très mélancolique, très nostalgique."
En attendant, le créateur qui n’a pas froid aux yeux concocte son second album, dont la sortie est prévue pour février 2006. "Je suis content parce que la compagnie de disques m’encourage dans ce rythme et ne veut pas le casser en me demandant d’attendre. Parce que ce qui risquerait d’arriver sinon, ce serait que je présente un CD qui n’aurait plus de rapport avec ce que j’aurais alors en tête", note le chanteur.
Dans le cadre de l’événement Musiqu’en nous, dont il est le porte-parole, Pierre Lapointe se produira sous un grand chapiteau le 1er juillet, avec Catherine Major en première partie, alors que Collectivo colorera la soirée. Autres spectacles à ne pas manquer lors de l’événement: Nicola Ciccone et Michel D’Astous (le 29); Jean-Philippe Barrette et Antoine X, Damien Robitaille, Jamil (le 30); Alexandre Belliard, Richard Desjardins et Marco Calliari (le 2) (www.musiquenous.com).
Autre gros coup de l’été: son spectacle Pépiphonique créé sur mesure pour les FrancoFolies, pour lequel il s’est entouré de Nicolas Jobin, directeur artistique du Consort contemporain de Québec. Il y promet un spectacle surprenant qui reprend ses pièces, en présente des inédites et fait un clin d’œil au compositeur de Louis XIV, Lully, avec clavecin, trio à cordes, flûtes traversières et piano (bien entendu).
Le 1er juillet à 20 h
À Saint-André-Avellin