Metric : Système nomade
Metric a séduit les Canadiens et les Français avec son premier album. Reste maintenant à percer aux États-Unis et à apprendre à rester stable…
Olivier Robillard Laveaux
Lorsque Metric accoucha de l’excellent Old World Underground, Where Are You Now?, au mois de septembre 2003, la formation menée par la charismatique chanteuse Emily Haines s’est emparée de l’esprit pragmatique des journalistes rock pour le passer au malaxeur.
Au moment de présenter un groupe au public, le scribe aime les choses claires. Or, dans le cas de Metric, le flou était tel que nous étions incapables de leur attribuer ne serait-ce qu’une ville natale. Nous savions Emily et le guitariste James Shaw membres de la famille torontoise Broken Social Scene; Emily avait aussi vécu à Montréal le temps de terminer ses études à Concordia en électroacoustique. Des recherches plus poussées nous apprenaient que le duo avait ensuite déserté le pays pour Londres où il enregistra un premier maxi très électro pour, subséquemment, migrer vers New York. Un bassiste et un batteur texans (Josh Winstead et Joulies Scott-Key) se sont alors joints au groupe qui s’installa à Los Angeles pour pondre Old World Underground.
Si, quelque part entre Montréal, Toronto, Londres, New York, le Texas et Los Angeles, nous étions perdus, de son côté, Metric s’était trouvé, se forgeant un son rock-pop alterno influencé par les années 90 (Frente!, Elastica, Breeders). "Nous avons effectivement vécu une bonne partie des cinq dernières années dans nos valises, explique James Shaw. Nous sommes par contre torontois depuis le mois de janvier. Nous voulons y enregistrer notre prochain disque, mais notre choix est plus pratique qu’autre chose. Notre nouveau compact sera lancé mondialement sur une étiquette d’ici (Last Gang) et Broken Social Scene travaille aussi en ville sur son troisième album. Je ne sais pas si nous resterons longtemps à Toronto, car je suis récemment tombé sous le charme de Paris."
La Ville lumière est également éprise de Metric depuis qu’elle a découvert le quatuor par l’entremise du cinéaste-comédien Olivier Assayas, qui a inclus une séquence du groupe en concert dans son dernier film Clean. "Le long métrage a connu un réel succès là-bas, et nous recevons depuis de nombreuses invitations. Nous avons récemment participé au festival Art-Rock (Saint-Brieuc) avec Sonic Youth et Mercury Rev. Notre premier concert en tant que tête d’affiche à la Maroquinerie (environ 600 âmes) était complet."
Bref, les Français, tout comme les Canadiens, ont su reconnaître la force d’attraction de Metric. Restent les Américains. "Je crois que notre album est passé dans le beurre aux États-Unis à cause du manque d’effort de promotion. Everloving (l’étiquette américaine d’Old World Underground) compte deux employés qui travaillent d’arrache-pied, mais qui ne disposent pas d’un énorme budget. Les choses risquent de changer avec le prochain album, qui sortira sur Last Gang."
En attendant la parution de ce deuxième disque plus mordant, selon James, Metric présentera quelques nouvelles pièces en première partie de Modest Mouse. Initialement prévu au gigantesque Stade Uniprix, le concert se tiendra au Spectrum en raison des ventes de billets insuffisantes. L’ambiance et le son ne s’en trouveront qu’améliorés.
Le 25 juin
Au Spectrum
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